Sur les téléphones portables Iphone, nous avons accès à la fonctionnalité “limites d’applications”, qui nous permet de limiter notre temps d’utilisation sur l’application choisie. Nul ne sait le nombre de fois où j’ai cliqué sur l’option “15 minutes supplémentaires”…
J’ai interrogé deux élèves de Terminale du lycée Bellevue, Lea et Sofia dont le temps d’écran hebdomadaire passé sur le réseau social Tik Tok est de 10h44 pour Lea et 5h30 pour Sofia. Le constat est sans appel, aujourd’hui les médias sociaux sont omniprésents dans notre quotidien. L’essor de la technologie numérique et le boom provoqué par l’apparition du web. 2.0 dans les années 2000 nous ont permis d’intégrer les réseaux sociaux à nos vies plus que jamais. Les médias sociaux sont très appréciés par les adolescents. Selon une enquête de Statista publiée en janvier 2023, en France, 84% des 16-25 ans utilisent le réseau social Instagram. Aujourd’hui, Instagram, Tiktok, Twitter et bien d’autres ponctuent la vie des adolescents et définissent ce qui est “trendy” et ce qui ne l’est pas.
Cependant, les avis sont tranchés et certains pensent que l’impact des réseaux sociaux sur la jeunesse est négatif, car ceux-ci sont le théâtre du cyberharcèlement et les exposent à un idéal de beauté inatteignable, phénomènes accentuant la distorsion réalité- virtuelle. D’autres affirment que ces médias sociaux ont une place dans la vie de la jeunesse, ils permettent de développer des amitiés basées sur des centres d’intérêt commun et de pallier notre timidité grâce à une prise de contact plus simple et sécuritaire. Ces nouveaux outils suscitent des clivages.
La relation entre les réseaux sociaux et la jeunesse est-elle nocive?
Les réseaux sociaux sont considérés par les jeunes comme leur apport quotidien de vitamines. Ils leur permettent de se divertir, communiquer, s’informer et discuter sur le monde ou encore passer du bon temps. Cette activité devient malgré tout trop addictive et chronophage pour les jeunes qui ne se rendent même plus compte de leur dépendance à l’égard de ces supports. Ce temps passé est en définitive plus une perte de temps qu’ un plaisir car il est finalement au détriment de notre productivité. Ces médias sociaux sont peu à peu devenus des porteurs de préjudices à tous ceux qui ont un jour tenté de s’en approcher. Étant devenus des faits de société, leur nocivité est certes mentionnée mais pas suffisamment révélée comme telle. En France, les réseaux sociaux ont connu une multiplication des inscriptions durant le premier confinement dû à la crise du Covid-19. En effet, 40% des internautes français déclarent avoir créé un compte pour un réseau social ou une application de messagerie instantanée pendant le confinement. L’autre chiffre qui nous montre l’importance de ces applications est le suivant: 55% des jeunes de 15 à 24 ans ont affirmé qu’ils auraient eu du mal à vivre le confinement sans les réseaux sociaux et 22% ne pouvaient même pas l’imaginer selon une étude de l’institut CSA pour Linkedin France en Mars 2020. Ces statistiques nous dévoilent le caractère inévitable des réseaux sociaux, celui qui n’en possède pas n’est pas inséré socialement dans notre monde, surtout chez les jeunes où leur place dans la société est prépondérante. Ces réseaux sociaux ont donc conquis le cœur des jeunes et s’y sont installés de façon durable pour le meilleur mais surtout pour le pire…
Ces plateformes ont connu un essor fulgurant depuis quelques années du fait de la réelle diversification des supports de communication qui ont pour but de toucher une audience de plus en plus large (Instagram, Tiktok, Snapchat, Twitter, Youtube, Facebook…). Cela a amené une plus ou moins grande perte d’auditeurs sur certaines plateformes et une grande augmentation sur d’autres. Tiktok est le réseau social le plus en vogue depuis quelques années et celui qui a le plus gagné en popularité. En effet, en 2012, 52% des sondés utilisent TikTok contre 4% en 2018, soit une hausse de 48 points de pourcentages en 4 ans. Le nombre de jeunes inscrits ne cesse d’augmenter depuis 2018 et a passé la barre des 50% d’utilisateurs en 2021 selon une étude de l’entreprise Statista. Cette diversification des supports engendre malheureusement une multiplication des informations biaisées et peu fiables, si nous ne savons pas distinguer les différentes sources proposées. On peut très facilement tomber sur des “fake news”. Nous avons également vu apparaître de nombreuses théories du complot comme pendant le Covid concernant le vaccin.

Les réseaux sociaux peuvent impacter temporairement ou durablement les jeunes. Si le jeune n’est pas protégé, il est inévitablement exposé à des contenus sensibles , non appropriés à son âge. Il y donc un grand risque qu’il soit en danger surtout au niveau psychologique en se sentant mal dans sa peau. Nous remarquons également une augmentation de plus en plus importante de la dépression et de l’ angoisse chez les jeunes. Les réseaux sociaux peuvent en effet tomber dans les mains des personnes les plus vulnérables, en l’occurrence ici les jeunes qui sont au logement de l’adolescence les plus faibles psychologiquement. Dépression, complexes, regard critique sur leurs corps et mal-être sont devenus des conséquences plus qu’ordinaires après l’utilisation de ces différentes plateformes. Cette fragilité psychologique amène donc les jeunes à une baisse de socialisation et le développement d’un certain replis sur soi-même car nous avons l’impression que la vie des autres est parfaite en regardant celle des différents utilisateurs qui nous montrent seulement les facettes les plus « cool » de leurs vies contrairement à la nôtre qui nous semble sans couleur, vide de sens. Ce phénomène récurrent est appelé la cyberaddiction. Cette cyberaddiction nous conduit à la création de notre propre identité numérique qui n’est pas forcément fidèle à la réalité afin de ressembler aux normes véhiculées par ces plateformes même si ce genre de situations peuvent rapidement devenir très anxiogènes pour l’utilisateur qui ne parviendra plus à réaliser le contraste entre sa vie réelle et virtuelle. Les jeunes qui tombent dans cet engrenage se rendent peu à peu compte de la difficulté qui va s’en suivre pour en sortir.
Les réseaux sociaux entraînent également les notions de la protection des données et du droit à l’image qui deviennent des problèmes de plus grande ampleur surtout avec les jeunes utilisateurs peu conscients de l’aspect politique de ces plateformes conduisant à des situations inédites dans le cadre du non-respect de celle-ci. De plus, les traces laissées sur les réseaux sociaux sont indélébiles et laissent une certaine visibilité de notre vie même si nous ne souhaitons pas la divulguer à certaines personnes comme par exemple lorsque nous postulons à un emploi et qu’un employeur peut voir les photos postées, les commentaires publiés à un certain moment de notre vie qui n’est plus forcément représentatif de notre vie actuelle et cela sans notre approbation.
Tous ces effets néfastes ternissent la vision des réseaux sociaux dans l’opinion publique et surtout auprès des parents de jeunes qui se voient impuissants face à ces supports nouveaux et se sentent pour la plupart dépassés par ces nouvelles technologies. Sachant eux-même que ces supports sont devenus inévitables pour leurs enfants et incontrôlables, ils se sentent désemparés et baissent les bras, et cela même au plus jeune âge. De plus, nous pouvons accuser les différents réseaux sociaux de ne pas se responsabiliser vis-à-vis des effets néfastes qu’ils peuvent avoir sur la psychologie des jeunes, ils ne sont pas suffisamment conscients des conséquences que ces outils peuvent avoir sur les jeunes même s’ ils disposent d’avantages indéniables.
Les réseaux sociaux ont tendance à être critiqués par les générations précédent l’essor d’Internet, cependant leurs aspects positifs se doivent d’être soulignés car ils ont permis une véritable révolution dans le fonctionnement de nos sociétés.
Tout d’abord concernant notre manière de communiquer, les réseaux sociaux permettent une fluidité des échanges, que ce soit par la simple communication dans le cercle privé, ou dans le milieu du travail. On peut dorénavant discuter à toutes heures, et partout dans le monde, avec n’importe qui depuis son téléphone. Le contact avec nos proches est amplement facilité.
Les réseaux sociaux représentent aussi un véritable espace de diversité d’opinions et de points de vue. La clé est l’accessibilité, car n’importe quel individu ayant accès à Internet peut prendre parti dans les discussions. Les plateformes comme Twitter permettent de mener des débats avec des individus, à l’autre bout de la planète, qui ont une culture, une éducation et un vécu totalement différent du nôtre, et dont l’analyse d’une même situation sera potentiellement diamétralement opposée. On peut donc y voir les choses par des prismes aussi différents qu’il y a d’utilisateurs du réseaux social.
De plus, l’anonymat des profils permet d’exposer ses opinions, sans craindre de représailles dans la “vraie vie”, et sans que ces idées soient polluées par l’image ou l’histoire de celui qui les a émises.
Puisque 58,4% de la population mondiale est sur les réseaux sociaux, on peut considérer que tout le monde y est, surtout dans les pays développés. En particulier pour les jeunes, ne pas être présent sur les réseaux sociaux, c’est se priver de toute une partie des interactions sociales qui sont nécessaires à l’équilibre d’un être humain évoluant dans une société. En effet, sans l’utilisation des réseaux sociaux, il est plus difficile de maintenir le lien avec des connaissances de la “vraie vie” ou de rencontrer de nouvelles personnes du moment où le reste, et la majorité de la population y est. Les réseaux sociaux constituent donc une institution de sociabilité indispensable aujourd’hui. Si on va plus loin encore, ils permettent à certains de sortir de leur isolement relationnel. Les personnes les plus timides, ou les plus isolées dans leurs relations sociales peuvent se sentir plus à l’aise d’avoir une sociabilité numérique.
D’autre part, ils participent grandement à la représentativité auprès du jeune public. Par exemple, des individus isolés géographiquement (loin de la diversité des villes) ou relationnellement (dans le cas du harcèlement par exemple), par le biais des réseaux sociaux, peuvent entrer en contact avec des individus avec qui ils se sentent plus proches ou plus ressemblant. En effet, il est plus simple de trouver quelqu’un qui nous ressemble physiquement ou qui a le même vécu que le nôtre et s’en servir pour créer des liens et surmonter ses difficultés personnelles. Les réseaux sociaux peuvent représenter une échappatoire, un exemple de parcours et de motivation.
Les réseaux sociaux représentent aussi la principale source d’information pour les jeunes aujourd’hui, en proposant une toile très large d’actualités sur tous les sujets possibles et imaginables, en particulier les informations non relayées par les médias principaux comme la télé ou les journaux. Dans les pays où la censure existe, les réseaux sociaux permettent de donner une voix à tout un chacun même s’ils peuvent être réprimés après pour l’avoir fait. L’information n’est plus sélectionnée par des institutions traditionnelles mais par les algorithmes et les utilisateurs eux-mêmes. Ainsi les vidéos d’un anonyme peuvent faire le tour de monde en quelques heures alors qu’elles n’auraient jamais été connues sans les réseaux sociaux.
La visibilité apportée à certaines causes par les réseaux sociaux leur permettent de se développer et de toucher les gens à l’échelle planétaire. En effet la médiatisation d’images choquantes, par exemple les abattoirs filmés par l’association L214, à mené la communauté de certains réseaux à se mobiliser. De même, les réseaux sociaux ont joué un rôle majeur dans la médiatisation du combat écologiste pour plus de justice climatique: le mouvement Fridays for Future lancé par Greta Thunberg en 2018 a eu un vrai retentissement médiatique après que les photos qu’elle avait posté sur Instagram et Twitter de leur manifestation devant le parlement suédois sont devenues virales.
La solidarité numérique s’exprime à travers le relaiement de symboles comme par exemple le carré noir posté en soutient au mouvement Black Lives Matter lors de la mort de George Floyd en 2020, ou à travers des dons comme ceux s’élevant à plus de 10 millions d’euros récoltés au profit de l’ONG Action Contre la Faim lors du Z event 2021, un évènement carritatif réunissant les streamers français les plus importants sur un live Twitch. Cette solidarité se fait d’ailleurs aussi au profit des plateformes puisque l’édition 2021 du Z event a battu le record d’audience pour un stream francophone, ce qui montre que ce type d’évènement participe à populariser les plateformes.
Les réseaux sociaux nous ont transformés
Considérés comme une source quotidienne de distraction, les réseaux sociaux peuvent devenir rapidement addictifs et chronophages. Ils ont également des effets négatifs sur la productivité et la psychologie des jeunes, tels que la dépression et l’angoisse. La diversité des plateformes de communication a également augmenté les risques d’information biaisée et de théories du complot. Les réseaux sociaux peuvent être dangereux pour les jeunes si leur contenu n’est pas approprié à leur âge. Cependant, ils sont devenus une partie inévitable de la société et sont particulièrement populaires auprès des jeunes, en particulier Tik Tok.
Néanmoins, les réseaux sociaux ont transformé la manière dont nous communiquons en permettant une fluidité des échanges à tout moment et n’importe où dans le monde. Ils sont également un espace de diversité d’opinions et de points de vue, où les utilisateurs peuvent exprimer leurs opinions sans crainte de représailles grâce à l’anonymat des profils. Les réseaux sociaux sont devenus une institution de sociabilité indispensable pour les jeunes, qui y trouvent une source d’information et une occasion de rencontrer des personnes semblables. Ils peuvent aussi représenter une échappatoire pour les personnes isolées, en les aidant à surmonter leurs difficultés personnelles.
RECOMMANDATION FILM EN LIEN AVEC LA THÉMATIQUE
–8th grade ou Dernière Année (2018), est un film réalisé par Bo Burnham. Le personnage principal est Kayla qui rentre en dernière année de collège, jeune fille qui entame sa puberté et ne cesse de se comparer à ses camarades, à ses influenceurs et youtubeurs préférés. Elle navigue dans un nouvel environnement mais malheureusement, elle peine à avoir de l’amour-propre et à s’accepter telle qu’elle est due aux normes inatteignables dont les réseaux sociaux font la promotion. Ce film traite de nombreuses autres thématiques.
DÉBAT :
Nous vous appelons à débattre sur ce sujet, afin de dresser un constat authentique et directement tiré de vos expériences. Débattre nous permettra de discuter de ce thème et de partager nos points de vue en vue de la relation ambivalente qu’entretiennent les jeunes avec les réseaux sociaux ! Chacun pourra en tirer ce qu’il souhaite.
Le débat est ouvert à tous, Seconde, Première et Terminale, venez nombreux !
Ikram, Romane et Ninon