C’est grâce à notre engagement pour le Prix Goncourt des lycéens, que nous, jeunes lecteurs, nous sommes rendus compte que nous suivions de plus en plus les phénomènes littéraires à travers de nouveaux médias : les réseaux sociaux. Aujourd’hui, il n’est pas envisageable de dire que les jeunes ne lisent plus, qu’ils n’écrivent plus, ils ont juste modernisé leur technique, changé leur appréhension de la culture, de l’art. Il existe de plus en plus d’évènements culturels accessibles à la jeunesse. De nombreux corps de métiers se mobilisent pour la littérature, pour donner envie de lire.
Un tremplin médiatique : les prix littéraires
Un peu d’histoire….
Depuis leur invention, les prix littéraires ont donné une vision du livre nouvelle, celle d’un livre plus médiatisé, de plus en plus accessible et qui donne lieu à ce que l’on appelle en France, la rentrée littéraire. C’est grâce aux divers dons des auteurs eux-même, les Frères Goncourt à l’Académie Française que ces prix ont vu le jour et se sont, au fil du temps, démocratisé. C’est bien avant la mise en place des prix prestigieux que nous connaissons aujourd’hui tels que le Prix Goncourt, Renaudot, Femina ou encore Médicis, que l’idée de décerner une récompense est parvenue. Le XVIIème siècle marque l’instauration de prix, le premier était alors un prix d’éloquence, puis un prix de poésie qui ont laissé leur place aux cinquante-huit prix existants de nos jours.
Et aujourd’hui ?
Chaque automne, les prix littéraires viennent redorer l’image du livre et font découvrir de nouveaux jeunes talents et leur permettent de poursuivre leur carrière dans la littérature :
« Concrètement quand un écrivain de 33 ans est sur la liste c’est vraiment génial, parce que ça te permet d’espérer de pouvoir vivre de ton métier »
Sabyl Ghoussoub au sujet de sa nomination à la sélection des livres du Prix Goncourt des lycéens.
Le nombre d’ouvrages qui paraissent pendant cette période est impressionnant mais peuvent mettre parfois, de nombreux talents dans l’ombre. C’est pourquoi la partie promotionnelle et médiatique sont primordiales pendant la rentrée littéraire. Il existe des prix pour tous les genres et tous les goûts. Que ce soit autant en poésie que pour les bandes dessinées sans en oublier les polars, les prix se multiplient et viennent parcourir les métropoles de France. Si leur médiatisation reste inégale, si les élections sont discutées et font polémiques : le bandeau rouge qui enveloppent nos livres témoignent certes d’un succès littéraire et renvoient une image prestigieuse mais les prix littéraires ne sont pas les seuls moyens de se faire connaître, ni d’être gage de popularité.
Être écrivain du XXIème siècle, c’est quoi ?
Si au XIXème siècle il fallait se faire publier dans les journaux et entretenir une vie mondaine régulière pour se faire un nom, c’est aujourd’hui une toute autre stratégie à adopter. Non seulement, une grande partie du corps éditorial accompagne la vente d’un livre à l’aide d’une campagne publicitaire par l’affichage urbain, la télévision joue également son rôle pour promouvoir son livre, être par exemple invité.e dans des émissions. Surtout aujourd’hui, ce qui permet de largement toucher un lectorat plus jeune, ce sont les réseaux sociaux. Et quand on parle d’utiliser ces nouveaux médias, ce n’est pas seulement créer un compte sur tel ou tel réseau, il s’agit d’être actif.ve, communiquer avec ses « abonnés ».
Ce lectorat spécial doit alors se sentir proche de l’auteur.rice, suivre les actualités promotionnelles de l’auteur.rice en question. C’est d’une telle façon que l’on peut conserver un lien avec un livre, on se sent de plus en plus apte à donner envie de lire tel ou tel livre car entretenir un lien avec une communauté c’est renvoyer une image de soi, de sa personnalité ou encore de son style. C’est exactement le cas de Sabyl Ghoussoub, très actif sur les réseaux sociaux, et qui de son côté a une meilleure perception de l’avis, de la réception que les gens ont de son livre. Ainsi se caractérise la nouvelle génération d’auteurs qui voit le jour plus qu’à travers les pages d’un livre, mais à travers un écran.
Lumière sur… ces jeunes auteurs
Sabyl Ghoussoub

En plus de mettre en évidence une partie de son enfance, de l’histoire de ses parents, de ses origines libanaises dans son roman Beyrouth-sur-Seine, il nous a confié n’avoir jamais réellement été un bon élève à l’école, le système scolaire ne lui était pas adapté. Il a voulu dire par là que l’écriture n’est pas un milieu inaccessible, qu’il se retrouvait à travers nous, une jeunesse qui lit, qui regarde des films. C’est également un moyen pour lui de rendre un hommage à ses parents, une manière de les intégrer. Lors de la rencontre, il nous a fait part de ses futurs projets, de ses projections pour la suite.
« Les jeunes posent des questions qu’on ne nous pose pas en général »
C’est même lors des diverses rencontres et discussions qu’il s’est rendu compte qu’il devait retourner au Liban, ça a été un moyen pour lui de prendre des décisions et remettre en question ses choix, prendre du recul sur son livre.
Gaël Faye
C’est après sa sélection au Prix Goncourt des Lycéens en 2016 pour son roman bouleversant, Petit Pays qu’il a vu sa popularité augmenter. En dehors de l’écriture, les auteurs ont en parallèle d’autres carrière et c’est l’élection de son livre qui a en partie permis de continuer sa carrière musicale, préserver sa popularité et de s’engager dans d’autres projets, avoir de l’influence. C’est à l’occasion de cours de français de collège qu’il a pu dialoguer avec les jeunes par l’intermédiaire de lettres, à laquelle il a pris le temps de répondre.
Clara Ysé
Si elle avait déjà débuté sa carrière musicale, c’est son livre Mise à feu qui lui a permis de la mettre de plus en plus en avant. Son œuvre et son style renvoie une sensibilité particulière à la musique, ce qui est aussi une marque de la modernité des jeunes auteurs, celles et ceux qui écrivent, chantent ou mettent en musique de la poésie, des histoires. C’est une autrice qui reste encore à être découverte et qui témoigne de cette jeunesse qui est polyvalente.

Avoir de plus en plus accès à la littérature à travers nos écrans et pouvoir être plus proches des auteurs, c’est se sentir plus légitime. Quand nous rencontrons des auteurs et que nous leur disons que nous avons nous aussi envie d’écrire, ce sont des petites étoiles qui naissent dans leurs yeux. Ils sont conscients d’avoir transmis une passion, d’avoir éveillé en nous une urgence : celle d’écrire. Les réseaux sociaux ont peut-être rapproché les jeunes de la lecture, mais cela leur permet aussi d’échanger de façon plus libre avec eux ! C’est aussi un moyen pour les auteurs.rices de pouvoir remercier leurs lecteurs et d’échanger de façon plus personnelle.
Mais alors, quelles conséquences sur la jeunesse ?



Les réseaux sociaux permettent également aux jeunes de se retrouver dans une communauté de lecteurs, sur diverses applications comme Tiktok qui met en avant le « booktok » où de nombreux jeunes représentent une littérature (jeunesse, young-adult) qui prend un nouveau souffle. Si aux premiers abords la jeunesse du XXIème siècle est super connectée, il va quand même de soi qu’elle continue de lire, d’écrire et de faire entendre leur voix dans la littérature française. C’est ce pourquoi les auteurs.rices sont toujours autant enclins à travailler et discuter avec les jeunes, parce que c’est pour eux un plaisir de transmettre leur passion, de faire perdurer le goût de la littérature.
Cécile GOUGET