Le baiser de l’artiste est une œuvre avant-gardiste qui s’est faite connaître en 1977 lors de la FIAC à Paris. ORLAN prend place derrière une photo grandeur nature d‘elle nue. Elle propose alors un baiser pour 5 franc. A sa droite se trouve une statue toujours en taille réelle de la madone, pour la même somme il est alors possible d’allumer une bougie. Étonnamment, la majorité des personnes présentes achètent un baiser. Le baiser de l’artiste fait beaucoup de bruit par la suite puisque d’abord ORLAN n’était pas convié à la FIAC de cette année là et s’y est donc rendu illégalement, puis, à travers cette œuvre, avec l’élan des années de libération de la femme, elle dénonce les visons encore trop tranchées, clichées, arriérées de la femme: si ce n’est une sainte c’est une catin. De part son acte elle émet un regard nouveau sur la femme qui la considère dans son ensemble et la libère des cases dans lesquelles elle s’enferme, dans lesquelles on l’enferme. Dans sa prestation elle déjoue donc les attendus de la société quant à son comportement. Elle contribue donc à émanciper la femme du regard patriarcal et machiste qui se porte sur elle depuis déjà bien trop d’années. Pour autant, son acte n’est pas reconnue immédiatement par les acteurs du milieu artistique, il met d’ailleurs fin à sa carrière pendant trente ans. Cela peut sembler étonnant puisqu’il a eu lieu durant les années d‘émancipation de la femme mais c’est seulement lors de la FIAC de 1991 que son œuvre sera reconnue à sa juste valeur et exposée comme «œuvre emblématique» désormais.

ORLAN est un personnage haut en couleur, qui est inspirant et qui nous en apprend beaucoup. Dès l’annonce de son nom, qui s’écrit tout en capitale, elle donne le rythme de sa pensée, son désir de se tenir loin des cases, nous irions même jusqu’à dire des cages dans lesquelles tant de personnes ont tenté de l’enfermer. Par tout les moyens elle tente de s’émanciper, allant même jusqu’à se faire implanter des implants en silicone. Lui offrant alors une apparence nouvelle, hors du commun, hors normes, hors du temps.
Son instrument principal, son œuvre ? Son corps, son être, elle même ! ORLAN réalise la plupart de ses performances à l’aide de son corps. Elle y réalise ainsi des prouesses architecturales. Elle exerce alors des «mesurages».
ORLAN n’a jamais cessé de croire en elle et en son art, même lorsqu’elle n’était pas reconnue par ses pairs. Elle a persisté, bataillé et finalement gagné. Aujourd’hui son art est reconnu à juste titre, donne lieu à de nombreuses expositions et continue de nous inspirer chaque jour en nous rappelant qu’il faut vivre pleinement, que rien n’est jamais acquis et qu’il faut continuer de se battre pour ce que l’on croit être juste. En somme ORLAN est une perpétuelle source de pensée.

Maé Ferran et Tifany Arroyos T3