Liberty Valance par Emma

L’homme qui tua Liberty Valance (The man who shot Liberty Valance)

Par Emma Bosc, 2nde 2

 

Dans le cadre du projet « Lycéens au cinéma », nous avons eu l’occasion de voir un film de John Ford : L’homme qui tua Liberty Valance. Au fur et à mesure de l’analyse, nous avons réalisé qu’il avait une structure et une réalisation plus complexes que ce que nous pensions.

En premier lieu, pour préparer la projection du film, nous avons écouté quelques extraits sonores, notamment le générique de début. Il nous évoquait des poursuites de cow-boys à cheval dans la plaine, des départs à l’aventure ou des conquêtes. Mais, après avoir vu le film, nous nous sommes rendus compte que nos a priori vis-à-vis du western (les chevauchées dans le désert et les cow-boys), ne se retrouvaient pas dans le film. Il y a quand même une scène de duel mais il ne se déroule pas au milieu de la rue comme dans la plupart des westerns mais sur le trottoir. Les seuls véritables hommes de l’Ouest sont Tom et Liberty Valance qui sont tous deux amenés à mourir durant l’histoire. Ce film a donc pour but de faire le deuil du western classique et de l’Ouest à travers la figure de Tom.

Ce film a des tonalités funèbres et nocturnes : beaucoup de scènes importantes sont nocturnes (le duel, l’incendie…). Ford décide également de tourner ce film en Noir et Blanc pour accentuer les jeux d’ombre et de lumière et ainsi passer du mythe de l’Ouest (qui entre dans l’ombre), à la lumière de l’époque contemporaine.

En analysant le film plus en détails, nous avons remarqué qu’il avait une structure très complexe et travaillé en miroir : les scènes sont symétriques et coïncident de part et d’autre du milieu du film : par exemple, à 30 minutes, Ransom lit ses livres de droit pour faire arrêter Liberty Valance, mais à 90 minutes, il y a la scène du duel où il le tue. Le film est aussi constitué d’un flash-back  principal enchâssé à l’intérieur duquel se trouve un second, qui permet une relecture du duel.

Ce film donne ainsi beaucoup à réfléchir, notamment sur la façon de passer du mythe de l’Ouest au monde moderne dans l’histoire de l’Amérique, sur la Constitution en Etats et sur les valeurs démocratiques — on peut d’ailleurs voir plusieurs figures politiques dans la salle où Ransom fait classe, comme le portrait de G. Washington ou celui de Lincoln derrière Pompey ; il y a également le drapeau américain sur lequel se projette l’ombre de Ransom, ce qui peut signifier qu’il aura une influence sur l’histoire américaine. C’est donc un film d’idées qui nous laisse nous faire notre propre réflexion.

Le passage entre deux époques est aussi montré par les personnages et leurs actions : Tom qui symbolise l’homme de l’Ouest, viril, privilégie la violence et ne connait que la loi du colt ; de l’autre côté, Ransom, l’homme de l’Est, l’avocat, symbolise l’époque moderne fondée sur le droit. Les personnages n’ont donc pas d’autres choix que de s’adapter ou de disparaitre (comme Liberty qui meurt.). Tom, lui, se sacrifie pour permettre le passage à la nouvelle époque. Le train symbolise également le passage entre deux endroits, l’Est et l’Ouest symbolisant les deux époques, celle des pionniers du Far West et celle de la démocratie moderne.

Toutefois, malgré ces grands moments de méditation, Ford arrive à articuler des scènes de grand comique, typique du réalisateur, ce qui rend le film populaire.

 

J’ai beaucoup aimé ce film, notamment pour l’articulation des moments graves et avec les moments drôles ; mais également car c’est un des derniers films du genre et aussi un des derniers westerns de Ford.

Les personnages ont chacun un caractère différent et très marqué comme Tom qui représente le cowboy viril ; l’acteur (John Wayne) est la figure symbolique du cowboy dans l’histoire du western américain.

 

Même si ce film représente un des derniers classiques du genre, des réalisateurs, comme Sergio Léone, ont créé d’autres sous genre comme le « western spaghetti » pour donner un renouveau à ce genre très ancien.