Rencontre avec Emma la Clown

Les élèves de 1ère et Tle option théâtre se sont rendus à la sn d’Albi assister au spectacle Emma Mort.

Ils ont rencontré Emma la Clown/Mériem Menant

Pour écouter la rencontre :

Retour sur le spectacle de Meriem Menant, Emma mort

Elise

« Laisser sa part d’enfance s’exprimer, laisser son enfant intérieur s’exprimer »

Nez rouge. Grimace. Rire de clown. Ne s’est-on jamais demandé un jour quelle était la vision qu’un clown pouvait voir de la mort ? N’est-ce pas paradoxal pour un clown de parler de la mort ? Lui qui est si innocent ? Pourtant, le clown aussi doit se contraindre à l’idée qu’il y a une fin à tout cela. Après tout, le clown, c’est le reflet, le miroir des hommes. Et les hommes meurent.

Comment peut-on faire pour se préparer à la mort ? Mais d’abord, il faut vivre un peu non ? Tu sais comment fait Emma ? Emma, elle s’y prend en s’amusant. Du coup, c’est un peu plus agréable. On voit la mort différemment. Pourquoi se prendre la tête tout le temps ? Parfois, c’est fatiguant de se battre perpétuellement pour essayer d’être intelligent. Alors c’est bien aussi de rire pour apprivoiser un peu mieux la mort qui est une idée « inempêchable ». On n’a qu’une vie, pourquoi ne pas la prendre à la rigolade ? Simplement, juste comme ça, écrire les mots, qui viennent tous seuls, sans trop réfléchir. Alors, pour être en cohérence, pour suivre Emma dans sa philosophie, je vais écrire les mots qui me viennent du spectacle, sans me demander s’ils sont jolis ou pas, s’il y a du rythme. De toute façon, tous les mots sont beaux et tous les mots ont une résonance, une force qui nous touchent forcément en tant qu’humain.

Emma, pour se préparer à la mort, elle en parle à son corps d’abord. C’est vrai, parfois on oublie trop notre corps. Toujours l’esprit, l’esprit … Mais le corps, lui, on l’oublie. Et pourtant, il nous suit tout au long de notre vie. Et le corps aussi a un langage, mais ça aussi on l’oublie. Pourtant le langage du corps, il a le pouvoir d’effacer les frontières entre les pays. Tout compte fait, le corps, c’est un langage universel aussi. Enfin bref, Emma, elle prépare mentalement son corps à la mort. Elle le rassure. Mais parfois, même si Emma fait tout cela de façon rigolote, parfois, Emma, ça se voit qu’elle a un peu peur de la mort. Je ne sais pas vraiment comment le dire, mais la façon qu’elle a de rentrer dans le cercueil. Et puis, Emma tout au long du spectacle, elle va faire diversion quand elle se rappelle qu’il faut mourir. Oui, je crois que c’est ça qui me fait dire qu’Emma a peur de la mort aussi. Parfois, cela doit être dur pour le clown, parce que, tout compte fait, le clown est assez seul. Même s’il y avait Nadine ou ClÔde, Emma elle était seule. Seule sur scène à essayer de trouver une « pitaphe ». Enfin je crois que c’est comme ça que ça se nomme. Choisir une dernière phrase à dire avant la mort. Moi je trouve ça pas juste pour les mots. Les mots, ils sont tous importants et moi je les aime les mots. Alors je ne pourrais pas choisir quels mots dire avant ma mort.

Il y a une image qui m’a marquée d’Emma aussi. A la fin, Emma, au milieu de son dernier vœu, au milieu de la neige féérique, des flocons qui tombent et s’écrasent au rythme du violon. Et la silhouette d’Emma qui s’en va avec la mort. C’est vrai que la neige, c’est beau et rythmée… avec de la musique classique … C’est toujours plus agréable de s’envoler en paix, en toute sérénité.

Je suis contente d’avoir pu voir cette pièce, parce qu’’Emma m’a beaucoup questionnée sur l’idée fatale qu’on appelle la mort. Et puis Emma a manié ce sujet avec un équilibre parfait. C’est vrai, à tout moment, cela pouvait vaciller du mauvais côté. Mais non. Emma nous a appris à aimer un peu plus la vie en parlant de la mort. Etrange non ? Merci Emma en tout cas.

Signé mon Emma à moi

Et je crois que si tout le monde laissait parler son Emma, le monde se porterait un peu mieux.

Emma Mort, même pas peur

L’innocence de la fatalité

Emma, cet être à l’humour grinçant et sensible, se pose des questions métaphysiques : la mort, c’est quoi ? Doit-on en avoir peur ? Comment s’y préparer ? Elle propose de nous guider, elle qui a trouvé LA solution, celle qui règlera tous nos maux de malheureux petits mortels. Entre préparation d’un testament, rite chamanique, entrée élégante dans un cercueil et sa fameuse « auto-préparation corporelle », Emma nous amène lentement vers une approche plus sereine de ce qui nous attend tous, en nous démontrant que l’on peut en rire, pas seulement en pleurer. A moins qu’elle ne fasse toute cette démonstration que pour se prouver à elle-même que la mort n’est qu’une vaste blague …

Meriem Ménant (alias Emma La Clown) a réussi à allier les trois piliers de l’art du clown : la tragédie, l’humour et la poésie. Tragique par le sujet abordé, humoristique par sa forme et poétique par son fond, son essence. Emma est exactement comme tout le monde : elle a peur de la mort mais essaie de se cacher à elle-même la tragique réalité. Seulement, elle est également cet enfant que nous ne montrons plus ou que nous avons oublié. Elle se permet donc tout, le ridicule, les bêtises, tout ce que nous avons sacrifié au profit d’une « intelligence » bien-pensante. De toute façon, tout le monde va finir dans une boîte … En vérité, elle nous apprend que la mort nous effraie tellement, seulement parce que nous avons peur de vivre.

Eva

Extrait du carnet de Luna