Dernier film du PJR : Centaure

Centaure

Anaïs

Ce film est un film dramatique de Aktan Arym Kubat, avec comme acteurs principaux, Aktan Arym Kubat (Centaure), Nuraly Tursunkojoev (Nurberdi), Zarema Asanalieva (Maripa) et Taalaikan Abazova (Sharapat).

Le personnage principal, interprété par le réalisateur, est un ancien projectionniste dont on a oublié le nom et que tous appellent Centaure. Il vit dans une petite maison à l’extérieur d’une ville du Kirghizistan, avec sa femme sourde et muette et son fils qui pour une raison que l’on ignore refuse de parler. Centaure est un homme secret, et l’on découvre progressivement certains de ses bonheurs : il vole ou plutôt libère pour les monter pendant la nuit de magnifiques chevaux de course et surtout, il aime jouer avec son fils et lui raconter les légendes de son pays. Autour de cette famille, le monde évolue et les traditions avec. Les chevaux, avant considérés comme libres et légendaires, sont utilisés comme vulgaire marchandise que l’on négocie pour les courses hippiques ; l’Islam radicalisé cherche à dominer le pays ; et les femmes, avant respectées et considérées comme les porteuses de la culture kirghize sont maintenant laissées ou violentées. Centaure, lui, ne supporte pas que sa culture disparaisse et soit oubliée. Alors il va tout faire pour revenir au temps d’avant, en commençant par libérer les chevaux.

La relation entre le père et le fils est au centre du film. La mère, est le témoin de la complicité entre eux qui sont très proches dans un lien très fusionnel. Ils ont d’ailleurs une sorte de rituel : ils collent leurs pouces l’un contre l’autre et font des bruits de bisous. Ce rituel semble vouloir dire « Je t’aime ». Cet enfant est au centre des attentions de ses parents qui essaient de comprendre pourquoi il ne veut pas parler alors même qu’il en est capable d’après les médecins. Ils l’emmènent même voir une voyante mais rien y fait, il ne parle toujours pas.

L’harmonie de la famille se brise lorsque Maripa, la femme de Centaure, décide de partir avec son fils, croyant que son mari la trompe. Envahi par le chagrin d’avoir perdu sa femme et son fils, Centaure reste seul puis se fait chasser de la ville pour ne pas s’être converti à l’Islam. C’est sur le chemin du départ qu’il décide une dernière fois de sauver des chevaux mais il est tué par le propriétaire des chevaux. Au moment même où Centaure tombe, le fils, qui est sur le chemin du retour avec sa mère, tombe également et finit par crier son premier mot : « papa ». J’ai trouvé cette scène particulièrement forte et poétique. Elle reflète vraiment le lien fort et unique entre le père et son fils.

Pour conclure, je dirai que se film m’a vraiment plu avec son côté très philosophique et poétique. Ce film est impressionnant avec ses décors à couper le souffle ainsi que son histoire très touchante. Un film tout simplement magique !

 

Centaure

Au cœur d’une culture en péril

Ce film est un véritable plongeon dans un autre univers, dans une autre culture toute en contraste. Ce film se déroule au Kirghizistan , dans une famille modeste. Centaure, le père de famille est le personnage principal. Son épouse qui se nomme Maripa est sourde et muette, ils ont un enfant, qui peut parler mais qui refuse de parler.

« Les chevaux sont les ailes des Hommes » proverbe populaire kirghize.

Ancien cinéaste et cavalier hors pair, il porte en lui les croyances locales : selon les anciennes légendes, les chevaux et les hommes ne faisaient jadis qu’un, mais les hommes, imbus de leur pouvoir décidèrent de chasser Kambar Ata, l’esprit protecteur des chevaux, qui était venu sur Terre parmi les leurs sous la forme d’un cheval. Une malédiction était lancée sur les hommes, et le seul moyen de la lever était d’implorer cette sorte de dieu en montant un étalon à cru toute la nuit,

C’est ce que fait Centaure, par tous les moyens, même illégaux. En effet, en plus d’être un cavalier, c’est un voleur de cheveux très agile et malin, ce qui laisse place à des scènes plutôt comiques comme par exemple lorsqu’il scotche le bec des oies pour ne pas se faire repérer.

Un monde de contrastes

En effet si Centaure essaye de tout son être de sauver les traditions de sa culture qui lui est si chère, tout le monde n’est pas de son avis. Son cousin Karabaï a fait fortune et est maintenant le chef de la police. Le mode de vie de celui-ci est porteur d’une influence très occidentale ( vêtements de marque, maison moderne, tablettes tactiles pour ses enfants), alors que la famille de Centaure a, quant à elle, un mode de vie des plus simples : ils dorment tous ensemble, dans une petite maison rustique à la campagne.

Cinématographiquement parlant, ce contraste s’exprime par les couleurs, comme par exemple dans la maison de la voyante (une sorte de tissage rouge flamboyant orne les murs), ou encore avec les « exploiteurs » de chevaux (leur chef porte une chemise rouge alors que tout le reste est plutôt sombre).

Mais les modes de vies différents des personnages et les couleurs ne sont pas les seuls contrastes, car en effet, le cousin de Centaure et les autres habitants ne partagent pas la même religion, l’islam fondamentaliste étant en train de s’imposer dans son village.

La nature au premier plan

Dans ce film, la nature tient en effet une place primordiale. Elle n’est pas ici qu’un simple décor, mais c’est un personnage à part entière. Dans presque tous les plans, elle s’affiche avec splendeur, comme par exemple dans le plan où Centaure accompagne Charapat chez elle et qu’ils passent par un grand champs. Ce plan très large nous montre la nature dans toute son immensité : les personnages font certes l’action, mais ils ne représentent même pas un tiers de l’écran.

Ce film accorde également énormément d’importance aux lieux de « passage », notamment le pont. Cet endroit représente tout : le passage d’un extrême à un autre, le temps qui passe, la transmission. Ce pont donne lieu également à des plans remarquables, et certaines images de celui-ci font penser au format cinémascope, comme celui utilisé dans les Westerns.

Cinéma

Cette référence nous renvoie à la deuxième passion de Centaure : le cinéma. Son ancienne salle de projection étant maintenant devenue une salle de prière musulmane, il n’y a plus d’endroits où se retrouver. Cette passion du cinéma est l’occasion d’une scène étonnante : alors que Centaure est forcé à prier Allah tous les jours dans son ancienne salle de cinéma, il décide de quitter la salle et rejoindre son ancienne cabine de projection : en pleine séance de prière, il projette un film d’un air très malicieux, comme un « pied de nez » à tous les dévots et ceux qui cherchent à dévoyer la culture kirghize.

Ses croyances au péril de sa vie

A la suite de cet événement, Centaure est chassé du village. Sur le chemin du départ, il tente dans un ultime espoir de libérer les chevaux, prisonniers des hommes, afin de poursuivre son rêve, et d’essayer de sauver les hommes coûte que coûte. Mais les propriétaires le voient, et, alors que Centaure tente de s’échapper par la rivière entouré par les chevaux maintenant libres, Sadyr lui tire une balle de fusil dans le dos : il tombe, meurt. Ce plan est explicitement mis en parallèle avec un autre plan. En effet, au même moment, son petit garçon alors sur le pont avec sa mère trébuche et tombe. En se relevant, il prononce son premier mot : Papa. Mais il ne sera jamais là pour l’entendre.

Mais peut-être lui aura t-il transmis ses rêves…

 

 

La critique d’Inès

Centaure est un long métrage réalisé par Aktan Arym Kubat, dont il joue le personnage principal.

« Le cheval est les ailes de l’homme», le film commence avec ce proverbe Kirghiz.

Dans un petit village du Kirghizistan, un ancien projectionniste surnommé «Centaure» mène une vie de famille paisible. Il est marié à une femme sourde et muette, père d’un enfant de cinq ans qui ne parle toujours pas, mais qui aime l’écouter lui raconter d’anciennes légendes sur leur peuple. Sa vie bascule le jour où des chevaux de concours appartenant à de riches propriétaires sont libérés en pleine nature. Il se voit alors accusé de ce vol.

Centaure est une critique de la société dans laquelle le film se déroule et il dénonce la radicalisation de l’Islam, amenant la division au sein même du village. Le réalisateur ironise en opposant les Musulmans voulant absolument convertir Centaure (soi-disant pour racheter son forfait) et Centaure lui-même. A lui seul, il représente plus la pureté que n’importe qui, car il n’est pas corrompu comme ses semblables par le pouvoir, l’argent et le fanatisme religieux. Par ailleurs, lorsque Centaure refuse de se convertir, il est banni du village. C’est bien-sûr cette intolérance liée à l’intégrisme religieux qui est remise en cause et non l’Islam en lui-même.