Les saisons de la nuit

McCANNSaisons

J’ai choisi ce livre grâce au résumé de Mme Moletta lors de notre première séance au CDI. Je connaissais la trame du livre lorsque j’ai ouvert la première page du roman : un clochard vit dans les tunnels, seul, et au fil des pages on découvre comment le héros en est arrivé là. C’est donc le côté profondément réaliste du livre qui m’a séduit, je n’avais pas envie de lire un roman coupé de la réalité mais plutôt un qui nous aide à la comprendre.

Deux histoires se succèdent alternativement : L’une racontant le quotidien d’un miséreux et l’autre, la vie d’un ouvrier noir.

La première histoire nous fait partager le froid, la faim et la solitude dont souffre Treefrog, le héros. Il nous parait faible, voire antipathique mais sa vie dans les tunnels est touchante. J’ai choisi un extrait de la seconde page du livre, qui nous montre bien comment Treefrog est peint tout au long du roman et comment je l’ai tout de suite imaginé ; seul, crasseux, pathétique : «  Quelques crottes de rats s’étaient amassées sur la table de chevet, et il les fit tomber avant d’ouvrir le tiroir. Des profondeurs du tiroir, il sortit un petit sac de bijoux violet et dénoua le cordon jaune. Il réchauffa un instant l’harmonica au-dessus de la flamme dans son poing ganté ».

Mais l’image du personnage évolue et il devient attachant, victime d’un système odieux qui le condamne socialement à se terrer dans les tunnels.

J’ai donc extrait un dialogue entre Treefog et Angela, fille errante :

« Belle matinée, dit Treefrog, belle matinée.

                                                                                                        -Non.                                                                                                                   – Qu’est-ce qu’ii y a ?

– J’veux me laver les cheveux

-Viens dans mon nid. Je te ferai bouillir de l’eau.

– Pas question. Je grimpe pas là-haut ».

Parallèlement, le roman raconte la dure vie de l’ouvrier Nathan Walker qui voit son ami mourir sur un chantier. Néanmoins sa vie est illuminée de moments heureux : il tombe par exemple amoureux de Eleanor O’Leary et se mariera avec elle.

Le temps passe et on découvre la vie de Clarence Walker, fils de Nathan Walker puis la vie de son fils qui s’appelle également Clarence Walker. La ségrégation est racontée telle qu’elle a était vécue aux Etats-Unis et la dure et douce vie de Walker nous touche émotionnellement. Sa vie est d’abord décrite comme dure ; ce combat perpétuel pour survivre est symbolisé par un gospel :

« Seigneur, j’ai pas vu un coucher de Soleil.

Depuis que je suis descendu là.

Non j’ai rien vu qui ressemble à un coucher de soleil.

Depuis que je suis descendu là ».

Voici un extrait qui représenterait les rayons de soleils qui éclairent sa vie :

« Une musique de jazz éclate autour de lui, et il se met à danser tout seul comme un fou dans son logement ».

Lorsque j’ai commencé le roman, je n’avais pas encore de description précise de Nathan Walker et de sa femme, j’ai pensé qu’ils ressemblaient physiquement aux héros du film Bird (réalisé par Clint Eastwood) que j’avais vu dernièrement. Voici une photo extraite du film qui illustre les personnages tels que je les ai imaginés :

birdA droite, ma première représentation de Nathan Walker et à gauche sa femme. Le film se passe dans les années 40, c’est-à-dire au même moment que la vie de Nathan Walker.

Certains mots m’ont marqué dans ce roman, qu’ils soient anecdotiques ou fondamentaux.

Froid/ harmonica/ jazz/ l’horloge molle/ piano/ balle/gin/chaleur étouffante/ Castor/pelle/ drogue/ chantier/ East River/ carte du syndicat/ l’échelle/ rasoir/ gramophone

Le roman nous fait ressentir une palette très large de sentiments : la colère lorsque que l’on découvre les conditions de travail ainsi que la souffrance dès que nous lisons la misère (pas seulement matérielle) de Treefrog. On ressent également des sentiments heureux comme la joie quand on s’aperçoit de l’amour entre Nathan et Eleanore ou encore la surprise quand on comprend enfin le lien entre les deux histoires, la clef du roman.

Biographie succincte de l’auteur,

car il est fort probable qu’il se soit inspiré de ses expériences pour écrire son roman :

Colum McCann est né dans la banlieue de Dublin. Son père, Sean – qui est le prénom d’un personnage important, ami de Walker – est journaliste. Après avoir enchaîné les petits jobs aux Etats-Unis, il part au japon puis revient aux Etats-Unis. On peut facilement imaginer que la vie de l’auteur a été difficile pendant cette succession de petits boulots. Il écrit à l’âge de 23 ans This side of the brightness, qu’on pourrait traduire littéralement par « Ce côté de la joie (ou de la luminosité) ».

Baptiste Nardone, 2nde2