Mystic river

 

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Mystic River est un livre de Dennis Lehane paru en 2001, il a remporté un « Massachusetts book Award ». C’est un roman policier très noir, dont l’adaptation cinématographique (de Clint Eastwood) a également rencontré beaucoup de succès.

Sean, Dave et Jimmy sont trois mômes d’une dizaine d’années et sont en train de jouer devant la maison de Sean. Arrive une voiture de police qui sent la pomme. Les deux hommes à l’intérieur embarquent Dave pour le ramener chez lui. Quatre jours plus tard, Dave est retrouvé et les pédophiles sont jetés en prison. Trente ans après, un meurtre affreux est commis dans le quartier et Sean (qui est devenu flic), Dave (ancien joueur de Baseball au chômage) et Jimmy (gangster s’étant vraisemblablement rangé) vont se retrouver à nouveau. Ils s’avèrent tous trois plus liés à l’affaire qu’il n’y paraît. Vont alors remonter à la surface de l’eau de la Mystic River de vieilles affaires du passé…

C’est un roman très fort, dirigé par la psychologie des personnages et qui nous montre les incidences que peuvent avoir de tout petits faits sur toute une vie, et au contraire, comment des évènements marquants peuvent, en fin de compte, s’avérer sans intérêts.

J’ai beaucoup aimé lire ce roman, un policier qui m’a tenue en haleine tout au long de ces 600 pages, sans jamais perdre de son intensité. Il insiste énormément sur l’importance de la communauté, du quartier. Le fait que les gens aient grandi ensemble dans cet endroit qui a été chamboulé les rapproche, et crée des liens inexplicables. Dennis Lehane a également le pouvoir de décrire des choses atroces avec douceur, contrairement à l’intériorité psychologique des personnages qui elle est saturée et extrêmement violente. Lehane a été assez habile pour changer de point de vue chez les personnages de manière à ne jamais révéler la fin de l’intrigue, suscitant de la frustration et donnant ainsi l’irrésistible envie de tourner la page.

« A présent, il avait un secret qui le grandissait, au lieu de le rabaisser.

Approchez, aurait-il envie de dire aux gens, j’ai tué quelqu’un.

Dave riva son regard à celui du gros flic derrière le miroir.

J’ai tué quelqu’un.

Et toi, tu ne peux pas le prouver.

Alors, qui est le plus faible, aujourd’hui ? »

Citations en pagaille…

« Je leur ai dit que leur papa les aimait de la même façon, qu’il avait quatre cœurs et qu’ils étaient tous si remplis et si débordants d’amour que nous n’aurions jamais à nous inquiéter, que leur papa ferait toujours ce qu’il aurait à faire pour ceux qu’il aime et que ça n’est jamais mal et que ça ne peut pas être mal. Peu importe ce que leur papa a dû faire. Et nos filles se sont endormies en paix. » 

« Comme si quelqu’un, en croisant le destin assis parmi les nuages lui demandait :   »On s’ennuie aujourd’hui Destin ? » Et le Destin de répondre :  »Mouais, un peu. Je me disais que j’allais peut-être semer un peu le bordel dans la vie de Dave Boyle, histoire de me changer les idées. » » 

« Le bonheur, c’est l’affaire d’un moment, et après, il s’en va jusqu’à la prochaine fois. Ça peut prendre des années pour qu’il revienne. Mais la tristesse… Ben, la tristesse, elle s’installe en toi. » 

« La plupart du temps, le problème avec la vérité, c’était de déterminer si on préférait la regarder droit dans les yeux ou plutôt vivre dans le confort procuré par l’ignorance ou le mensonge – trop souvent sous-estimés. Presque tous les gens qu’il côtoyait ne passaient pas une journée sans s’offrir une bonne assiette d’ignorance avec une garniture de mensonges. »

Portrait Chinois du livre

Si ce livre était un élément, il serait le brouillard… Un mélange étouffant d’eau et de vapeur, où il est impossible de distinguer les personnages, on n’est jamais sûr de rien et encore moins de soi-même ; de l’endroit où l’on se rend…

Si ce livre était un son, il serait le bourdonnement incessant de la ville, bouillonnement de vie où la jeunesse et les anciennes générations se côtoient et s’opposent, toujours présent même pendant le sommeil…

Si ce livre était un objet, il serait un miroir. D’après les réflexions internes des personnages, leur constante quête de repères, on se questionne sur notre propre psychologie… Que nous renvoie la société de ce que nous sommes ?

Si ce livre était un arbre, il serait un baobab. Sec et grossier de l’extérieur, mais où tout est profondément enfoui au cœur même de la tête/terre.

Si ce livre était un lieu, il serait le triangle des Bermudes. Des choses, des indices y disparaissent ; pour laisser ressurgir des éléments du passé…

Si ce livre était un mouvement, il serait la révolte. La révolte constante envers la société, la révolte envers la condition humaine, contre nos propres réflexes stupides, ce qu’est le destin, ce qu’il nous pousse à faire…

Si ce livre n’était pas un livre, il serait une analyse psychiatrique. La réflexion interne des patients y est exposée, leurs défauts, leurs pensées, leurs personnalités (simples ou multiples) dans toute leur étrangeté, leurs névroses et toutes leurs particularités psychologiques nous plongent au cœur même du cerveau.

Julie Maddaléna 2°2