L’Homme qui tua Liberty Valance
par Léa Sanchez-Battisti, 2nde 2
Il y a quelques semaines nous sommes allés voir le film The Man Who Shot Liberty Valance.
Après le visionnage du film, j’avais certains avis sur le film et des questions. Grâce au travail en classe, j’ai approfondi certaines théories et découvert des choses que je n’aurais jamais vues si je l’avais seulement regarder pour me distraire.
Pour résumer le film, je dirai que c’est un western de John Ford, qui est le plus grand réalisateur de western aux États-Unis. Il l’a réalisé vers la fin de sa filmographie et donc après la plupart de ses grands westerns. L’histoire de ce film paraît anecdotique. Un sénateur nommé Ranson Stoddard et sa femme arrivent en train à la gare de Shinbone. La presse, vient questionner le sénateur pour savoir pourquoi il est venu dans cette toute petite ville qu’est Shinbone. Il annonce qu’il vient pour l’enterrement d’un vieil ami qui s’appelait Tom Doniphon. Le sénateur raconte aux journalistes son histoire : c’est ainsi que débute un grand flash-back. Il venait d’être avocat et se rendant à Shinbone, il a été attaqué par Liberty Valance. Tom , un cow-boy de Shinbone, le secourt et l’emmène pour le soigner. Après son rétablissement, Ranson veut faire punir Liberty mais uniquement avec la justice alors qu’à Shinbone règne la loi de l’Ouest, la loi du plus fort. Comme le titre est au passé « tua », on sait que quelqu’un va tuer Liberty Valance dans le film.
Ma première interrogation pendant le film a été à propos du genre cinématographique. Le film est un western et je pensais qu’il en respecterait les codes. Cependant, la plupart des scènes que John Ford aurait pu tourner en plein air, sont tournées en studio. Il y a peu de plans d’ensemble, de vues embrassant les magnifiques étendues du Far-West ou la ville qui, du coup, paraît comme un espace clos. De plus, la scène du duel entre Ranson et Liberty n’est pas tournée au centre de la rue mais sur le trottoir, sur le côté et donc ce combat n’est pas mis en avant.
La deuxième question qui m’est venue à l’esprit quand je suis sortie de la salle est celle qui est sûrement la plus absurde. Pourquoi le shérif (Link Appleyard) n’était pas remplacé par Tom, qui est plus écouté par les habitants de Shinbone ? Link Appleyard est le shérif le plus inefficace de tous les westerns et il est peureux quand il s’agit de s’opposer à Liberty Valance. Cependant, il représente les deux populations qui composent les habitants de Shinbone et il est affectueux. Tom est le cow-boy qui représente l’opposition à Liberty Valance (avant l’arrivée de Ranson) et a plus de facilités à se faire entendre que Link Appleyard. Ramson préfère utiliser la justice pour emprisonner Liberty et Tom se moque de Ramson pour le fait qu’il utilise seulement la loi contre Liberty. Liberty utilise la force, la terreur et pousse ses actes jusqu’à la violence extrême. C’est seulement à la fin que l’on comprend que ce sont la force et la justice qui ont tué ensemble Liberty Valance. Cette constatation nous ramène donc à ma dernière question qui était : Qui est réellement l’Homme qui a tué Liberty Valance ? Qui est le véritable héros pour les habitants de Shinbone ? Le titre est en fait une énigme et cette énigme perdure même après réflexion. Je pense qu’il n’y a pas simplement un héros, mais je pense que c’est la justice et la force combinées ensemble, qui sont le héros du film. Je peux aussi dire que d’un côté Liberty Valance a été tué par la force, et il en est mort. Mais d’une autre manière, la justice l’a vaincu quand il a été ridiculisé lors des élections à Shinbone et que personne n’a voté pour lui. Le texte de Pascal Justice et Force m’a permis d’améliorer mon point de vue sur qui est le réel héros du film. Ce texte qui a pourtant été écrit au XVIIe siècle, est pourtant en parfaite concordance avec le film et souligne l’opposition (au début du film) entre Ranson et Tom. Pascal dit : « La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. » et cette phrase rassemble une des grandes problématiques du film.
Le travail en classe m’a permis aussi de comprendre que Tom représentait la figure de l’ancien Ouest et qu’à travers son deuil, c’est aussi le deuil de l’ancien Ouest que l’on faisait. Le fondu enchaîné de la fin (lorsque Tom disparaît dans la fumée de son cigare) démontre l’effacement de l’ancien Ouest pour l’intégration de l’Ouest dans l’Union par Ranson et laisse place au second flash-back et à la vérité sur qui a tué Liberty Valance.
Le travail en classe m’a permis d’apprendre à mieux interpréter la mise en scène du film. Les décors ne sont pas mis au hasard et le fait que le film soit en Noir et Blanc non plus puisque le premier film en couleur est sorti en 1922 (The Toll of the Sea, 1922 réalisé par Chester M. Franklin) et que The Man Who Shot Liberty Valance a été réalisé en 1962. Le Noir et Blanc permet de faire la comparaison entre l’Ouest et l’Est et permet de jouer sur les ombres comme dans une des premières scènes au début du flash back, dans laquelle Tom soigne Ramson.
Pour finir, le film parle aussi de l’émancipation des femmes et de l’apparition de droits des population noire à travers l’éducation. C’est Ranson qui apporte cette éducation. Il propose à Hallie de lui apprendre à lire et Pompey est tout à fait accepté dans la classe alors qu’à cette époque, la haine raciale envers les populations noires était extrêmement forte au États-Unis.
Le film ne montre pas seulement l’intégration de l’Ouest dans l’Union mais aussi comment la force et la justice doivent s’unir pour être le plus juste possible.
Le travail en classe m’a largement aidé à élargir mon point de vue sur le film et fait découvrir des choses que je ne serai jamais allée chercher seule. Je me suis rendue compte qu’il proposait toute une réflexion sur des faits importants. Il m’a beaucoup plus plu après le travail en classe plutôt qu’ après ma première réception.