La critique de Solène

Une découverte du passé

par Solène

Le fils de Jean, un film de Philippe Lioret, sorti en 2016, raconte l’histoire de Mathieu qui apprend qu’il vient de perdre son père biologique. Il ne l’a jamais connu. Par la même occasion, Il découvre qu’il a deux frères : Ben et Sam qui ne connaissent pas son existence. Il profite de l’enterrement de son père pour partir au Canada et rencontrer ses frères qu’il souhaite mieux connaître. C’est à travers les différents paysages du Canada que Mathieu va découvrir sa famille et ses secrets.

Ce que je retiens d’abord de ce film, c’est la manière dont Philippe Lioret a voulu évoquer et mettre en valeur les relations familiales, sa manière de pointer du doigt ces relations « perdues » et difficiles qui sont détruites par l’égoïsme. En effet, l’un des deux frères porte plus d’intérêt à l’argent qu’à son père. La violence physique est aussi très fréquente chez les deux frères ; c’est une manière de souligner la distance séparant la famille et ses secrets… Mais ces relations peuvent aussi être adoucies par l’amour familial.

Je retiens également sa façon de traiter ces sujets, délicatement, en construisant petit à petit les retrouvailles d’une famille brisée et en révélant progressivement des secrets, tout cela à cause de l’envie de Mathieu de connaître la vérité au sujet de son père. Il montre l’évolution de certains personnages qui, avec le temps, voient les choses différemment, s’ouvrent aux gens et ne sont plus renfermés sur eux mêmes. C’est le cas du personnage de Pierre, qui se présente d’abord comme l’ami du père disparu de Mathieu, Jean.

Je trouve que certaines scènes sont filmées de manière rapprochée des acteurs. Dans ces plans, les yeux sont mis en évidence de telle sorte que le spectateur se sente plus intime avec les personnages. Par exemple, dans la séquence presque à la fin du film où Mathieu et Angie sont tous les deux dans la voiture, lorsqu’ils se regardent dans le rétroviseur. Angie vient de découvrit un élément-clé de l’histoire. A ce moment, la caméra film le visage des deux personnages en gros plan.

A travers ce film, Philippe Lioret a voulu montrer les différentes relations possibles : pour les deux frères (Ben et Sam), l’entente est très difficile ; les disputes violentes qui tournent à la bagarre sont nombreuses. L’une d’elles, qui s’est déroulée dans la maison près du lac du père décédé, éclate alors que les deux frères sont en train de parler de l’héritage et de la nécesssité de retrouver le corps du père pour pouvoir ramasser l’argent de l’héritage au plus vite. En effet, ils n’ont pas les mêmes valeurs, et ne sont pas du tout d’accord sur le sujet en question. C’est par l’intervention de Mathieu et Pierre que la bagarre a pu cesser. Cette scène est l’une des scènes qui m’a le plus marquée dans ce film car la violence y est très présente et c’est surtout à ce moment que l’on cerne vraiment le caractère des deux frères. Une autre scène marquante est la découverte de Mathieu sur sa famille, plus précisément sur l’identité réelle de son père. Alors que Mathieu est assis sur le lit pour se faire ausculter par Pierre, ce dernier arrive et sort de son sac un stéthoscope de couleur rouge. C’est à ce moment-là que Matthieu comprend que celui-ci est son père car il lui avait raconté que cet objet appartenait à son père. C’est une scène très touchante car Mathieu retrouve enfin son père après tant d’années. Cette scène se passe dans le silence, les personnages dialoguent avec leurs yeux, ce qui fait passer plus d’émotions.

En résumé, des secrets de famille, des découvertes, des déceptions, de l’amour, de la brutalité, de la tristesse, des interrogations… le cocktail parfait pour un film émouvant.