4ème film : Baccalauréat
un film de Cristian Mungiu
1er temps de travail
A la sortie du film de Cristian Mungiu, nous nous sommes posés de nombreuses questions : qui lance des pierres ? Eliza souhaite-elle vraiment partir en Angleterre ? Pourquoi Roméo pleure t-il ?….
En confrontant leur réception de l’œuvre et en formulant des hypothèses, les élèves ont essayé d’apporter des éléments de réponse aux énigmes du film.
2ème temps de travail : la portrait chinois « roumain » du film
Des éléments de mise en scène analysés par Pauline, Clara, Nathan, Romane et Mélanie
La critique de Margot
Christian Mungiu réalise un nouveau film : Baccalauréat. Il raconte l’histoire de Roméo, médecin roumain et de sa fille, Eliza, qui passe le bac. Celle-ci doit avoir une moyenne de 18 à l’examen pour pouvoir entrer dans une prestigieuse université anglaise. Excellente élève, son admission dépend seulement de ce résultat. Mais le veille du bac, Eliza se fait agresser derrière le lycée. Elle est traumatisée et se retrouve hospitalisée, le poignet cassé. Elle est donc dans l’incapacité de passer le bac, d’autant plus que l’examinateur, puis le directeur du lycée lui interdisent l’entrée de la salle d’examen à cause de son plâtre qui lui permettrait de tricher. Son père catastrophé va tout mettre en œuvre pour qu’elle passe et réussisse son examen, alors que sa mère veut protéger sa fille en négligeant l’importance que Roméo accorde à cet examen.
Pour qu’Eliza réussisse l’examen Roméo essaie de discuter avec le directeur afin qu’elle puisse entrer dans la salle d’examen. Il parvient à négocier et pense que ce sera suffisant, compte tenu des résultats de sa fille. Mais celle-ci n’a pas le temps de terminer l’épreuve, à cause de son plâtre. Sa note ne pouvant pas excéder les 16/20, il lui faut obtenir 20/20 à toutes les autres épreuves. Jugeant le défi trop difficile à relever, Roméo décide d’entrer dans le « système de corruption » de la Roumanie. Dans le film, à travers le regard de Roméo et de sa fille, Christian Mungiu décrit le système de corruption de ce pays. C’est à dire la manière dont les gens se rendent des services entre eux, et se sentent redevables envers ceux qui leur en ont rendus. Roméo a un ami qui travaille pour les services de police. Celui-ci va lui demander d’aider un de ses amis, un politicien, Bulai. Ce dernier est gravement malade et doit se faire opérer en urgence, mais la place pour les opérations sont difficiles d’accès et la liste d’attente est longue. L’ami de Roméo demande alors à ce dernier, qui est médecin, d’accélérer la procédure. Bulai, lui, fera en sorte, grâce à ses relations, que la copie d’Eliza soit identifiable et qu’elle ait 20/20 à toutes les épreuves. Roméo, qui est un homme droit, n’aime pas ce système, ni enfreindre la loi. Mais, il y a recours pour le bien d’Eliza, pour qu’elle ait un avenir meilleur. Deux personnages s’opposent : Roméo, qui veut qu’Eliza parte à tout prix, quitte à recourir à des procédures illégales, — il affirme d’ailleurs que « parfois c’est seulement le résultat qui compte, et pas le moyen par lequel on y arrive »— et Magda, qui ne veut pas recourir à ce système, et qui veut protéger sa fille.
Ce système de corruption est omniprésent dans le film, à travers Bulai, le directeur qui à des relations avec Bulai, le policier, et tous ces gens qui se rendent service entre eux. On apprend, dans la suite du film, que Bulai a été impliqué dans des affaires de corruption à plus grande échelle, et qu’il est ensuite poursuivi par deux inspecteurs. On peut se demander aussi si le directeur n’est pas également impliqué dans des affaires similaires, car il n’hésite pas longtemps avant d’aider Roméo (habitué de ce genre de procédures?), et on voit qu’à l’inverse de Roméo et à situation égale, il a un niveau de vie nettement supérieur (maison, voiture…). Ces services rendus, et ce système de corruption cachée qui enfreint la loi est omniprésent dans le film. On peut penser que c’est une volonté du réalisateur, de montrer le mode de vie dans ce pays, qui s’étend peut être aussi dans d’autres pays d’Europe de l’Est, anciennement communistes.
Christian Mungiu décrit également le service hospitalier et plus largement les services de santé en Roumanie dans le film Baccalauréat, à travers le personnage de Roméo qui est médecin. Le système, différent du système françis, n’est pas du tout égalitaire. On voit dans le film à travers le personnage de Bulai que les places pour les opérations sont difficiles d’accès et les listes d’attente sont très longues. Les personnes qui veulent se faire opérer rapidement doivent donc avoir recours au système de corruption, comme le fait Bulai. Ce fonctionnement favorise donc les personnes au niveau de vie élevé, et les personnes bien placés, en politique… ou qui ont des relations (directes ou indirectes) dans le milieu hospitalier. C’est le cas de Bulai qui passe par le policier pour contacter Roméo et se faire opérer rapidement. En plus de cela, la plupart des patients qui se font opérer paient les médecins ou les chirurgiens pour que les opérations soient réussies ou en échange du service que leur a rendu les médecins en les opérant dans des délais plus rapides. C’est encore une fois le cas de Bulai, qui insiste pour léguer une somme à Roméo, même s’il meurt. Encore une fois, on voit que Roméo n’aime pas faire des choses illégales, et donc ne veut pas gagner de cet argent-là. Ces pratiques ont l’air d’être assez fréquentes comme le dit l’inspecteur qui poursuit Bulai : en disant que, à son avis, Roméo n’a pas l’habitude de demander de l’argent à ses patients, il sous-entend que d’autres le font.
Pour finir, le réalisateur décrit avec ce film la scolarité dans son pays, la Roumanie. On voit par exemple, le jour du bac, qu’Eliza n’a aucun moyen de passer son examen dans des conditions normales à cause de son plâtre. Elle est soupçonnée de triche, et n’a pas de possibilité de rattraper les épreuves ultérieurement. Elle n’a pas eu non plus la possibilité d’avoir plus de temps où un moyen pour l’aider à écrire.
On voit aussi que lorsque Sandra veut inscrire son fils dans une école privée bilingue, elle ne peut pas car son fils à des difficultés d’élocution. Cet exemple d’école bilingue (les élèves apprennent l’anglais dès le primaire) montre bien qu’il y a des inégalités au niveau de l’éducation en Roumanie, inégalité d’autant plus importantes que les enfants comme Matéi (fils de Sandra) ne peuvent pas être acceptés.
Avec son film, qui semble aborder à première vue un sujet familial et comme l’indique le titre Baccalauréat, le réalisateur aborde plusieurs sujets, en lien avec la société en Roumanie. Ainsi, il dépeint le système de corruption roumain, le système hospitalier et de santé, et le système scolaire. Ces sujets sont abordés à travers le personnage de Roméo, et son entourage. Ce film, au scénario en apparence assez simple, se révèle être finalement un scénario très complexe et bien construit qui traite des thèmes sociaux, même s’il y a quelques longueurs, pas toujours un rythme très soutenu, et quelques scènes prévisibles.