Portrait chinois du film :
Si le film était :
– un véhicule –ce serait
- la moto de Stefano symbole de sa fragilité (panne d’essence) et de sa force (bord demer))
- la moto des Roms qui le menace avec le faux pistolets (comme dans un film d’action — maisla situation est ridicule et humiliante pour Stefano)
- la voiture de la mère // c’est la mère qui conduit // Agnese essaie de conduire mais n’y arrive pas
- Les voitures que Stefano doit surveiller (son travail inutile)
- le camping-car des parents sur le parking à l’arrêt (comme les Roms)
- les caravanes des Roms (comme les parents de Stefano)
– une saison — ce serait
- l’été : dans la chaleur écrasante de Rome
– une couleur — ce serait
- la lumière jaune du soleil couchant
- Le rouge du sang d’Agnese
- le rouge du téléphone caché et repris
– un objet — ce serait
- le portable : volé / confisqué /péché /éteint / cassé // symbole de la contrainte maternelle, de l’amour, de l’émancipation, de la colère
- les rollers : Agnese apprend à rouler seule (?)
- le fauteuil tâché de Stefano sur le parking
- le ballon offert par Agnese aux enfants Roms / objet de discorde permanente entre Stefano et les personnes du camps.
- le faux-pistolet : humiliation double pour Stefano (il a eu peur pour rien et il perd son emploi)
- la bague de virginité : achetée sur internet
- la croix : prière tous les soirs avec sa mère / avec ceux de la communauté
– Un état/territoire — ce serait
- vierge : le corps d’Agnese
- il doit être inviolable : le parking de Stefano
– de la nourriture — ce serait
- la pizza : entre amis de la même communauté // ET le prétexte pour passer la nuit avec Stefano
- la pasta (partagée) : symbole de la réconciliation avec son père
- la boîte de thon qu’avale Stefano en vitesse, debout, à même la boîte, sur la parking
- les bananes : prétexte pour Lele et Stefano de voler et humilier l’épicier indien
– une architecture / territoire — ce serait
- on est loin de l’image de la Rome éternelle : quartiers périphériques / centres commerciaux / délabrement : le parking
– un sport — ce serait
- le foot (Les personnes du camps et les amis délinquants de Stefano)
– un sentiment — ce serait
- l’amour
- la colère : de Stefano, des Roms, des parents de Stefano, de la mère d’Agnese, d’Agnese
- l’humiliation : examen gynécologique // le travail absurde de Stefano // la perte de l’appartement
- la honte : perte de la virginité — corrélé à la notion de péché / sentiment tellement fort qui la mène à un mensonge /// Stefano qui dépouille l’épicier avec Lélé
- la violence : du monde du travail pour Stefano /// du quartier de Stefano : expulsion – drogue – menaces /// le faux-viol
– une musique/chansons — ce serait
- les chants de la communauté catholique (à l’église, anniversaire…)
La critique de Thalia
Après avoir vu le film j’ai été très déçue. Je n’avais pas réussi à me plonger dans le film, à m’attacher aux personnages et à l’histoire. Il manquait, pour moi, un élément accrocheur. Pourtant après avoir reparlé du film en classe et après avoir débattu à propos du film, une nouvelle image, plus positive, m’est apparue. C’est en parlant des personnages, en apprenant à les connaître et en mettant à jour des éléments propres à chacun d’eux que j’ai appris à les apprécier. Alors, petit à petit, un sentiments d’affection et de compassion s’est créé en moi.
Dans ce film, on nous présente principalement deux personnages, Agnese et Stefano.
Agnese est une jeune fille de 18 ans, elle est catholique et s’apprête, sous l’influence d’une mère autoritaire, à faire le vœux de chasteté.
Stefano, lui, est un jeune homme d’une vingtaine d’années. Il est issu d’un milieu défavorisé, ses parents sont pauvres, son père est violent et n’a jamais aidé sa famille.
Ces deux personnages se rencontrent pour la première fois lorsque Agnese vole une téléphone dans le centre commercial dans lequel travaille Stefano. On assiste à un coup de foudre.
Les deux personnages se rencontrent à nouveau sur le parking où Agnese va donner des vêtements aux Roms installés sur ce lieu, tandis que Stefano doit surveiller le parking pour éviter que les Roms ne le dégradent.
Rapidement un lien se créé entre Stefano et Agnese et ces personnages qui semble totalement opposés tombe finalement amoureux l’un de l’autre.
AGNESE :
Agnese entretient une relation très particulière à sa mère.
La mère d’Agnese est catholique, elle est très attachée à la religion et entraîne sa fille dans ses croyances en l’obligeant à faire par exemple vœu de chasteté jusqu’au mariage.
Mère et filles sont très proches. Elles dorment ensemble, elles passent du temps et participe a des œuvres de charités ensemble.
Pourtant la mère d’Agnese semble abusive, intrusive et possessive. Elle protège sa fille et la traite comme une enfant alors qu’Agnese a 18ans. Elle ne se gêne pas pour rentrer dans la salle de bain alors qu’Agnese s’y trouve ; elle confisque le téléphone de sa fille car un garçon lui fait des avances, elle la met mal à l’aise et l’humilie en l’envoyant chez un gynécologue pour vérifier si elle est toujours vierge…
On ressent pourtant un amour profond entre les deux personnages.
En revanche on voit tout au long du film qu’Agnese se détache petit à petit de sa mère et lui désobéit de plus en plus. Elle va jusqu’à renoncer a son vœu de chasteté en couchant avec Stefano mais va faire passer cette relation pour un viol peut-être par culpabilité ou par honte.
STEFANO :
Stefano est issu d’un milieux défavorisé
Son père est violent, on comprend qu’il frappait Stefano quand il était enfant et dans la première scène avec les parents de Stefano, le père se lève pour aller frapper son fils mais repart finalement s’asseoir.
La mère de Stefano semble être une femme perdue. Elle ne cesse de demander de l’argent à son fils, mais ne paye pas le loyer du logement où elle vit avec son mari au point d’en être expulsée.
Pour se sortir de ce monde, Stefano essaye d’obtenir un travail sérieux. Il travaille d’abord dans un centre commercial mais se fait renvoyer après avoir laissé Agnese partir avec le téléphone qu’elle avait volé. Il trouve donc un deuxième emploi qui consiste à surveiller un parking en partie occupé par des Roms. Plusieurs scènes du film le montre seul, s’ennuyant ou se disputant avec les Roms, sous les soleil brûlant ou sous la pluie, sans abri. IL se fait renvoyer de ce travail aussi, après qu’un Roms a cassé le pare-brise d’une voiture stationnée sur le parking qu’il devait surveiller.
Après avoir été renvoyé deux fois, il décide, à contrecœur, de reprendre ses activités illicites dans le quartier en vendant de la drogue.
ENTRE AGNESE ET STEFANO :
La relation entre Agnese et Stefano est très rapide. Le jour même de leur rencontre, ils s’embrassent et même si en Italie le baiser ne semble pas avoir la même signification qu’en France (car à plusieurs
reprise on voit la mère et la fille s’embrasser, de même avec les amis) ce geste reste un signe d’affection.
On ressent énormément d’amour entre les deux personnages pourtant les scènes où ils sont seuls sont entourés d’une atmosphère pesante car les deux personnages se parlent peu, ils ne se prouvent jamais leur amour verbalement ( il ne se disent pas « je t’aime » ) et on ressent une sorte d’intimidation et de pudeur de la part d’Agnese, sûrement due à l’oppression religieuse que lui inflige sa mère (plusieurs fois Agnese empêche Stefano de l’embrasser, elle hésite avant de se mettre en maillot de bain devant lui pour se baigner…).
Malgré ces craintes, Agnese va coucher avec Stefano, allant totalement contre sa mère et contre ses valeurs.
Cependant, la honte et la culpabilité l’emportent et, sans plus aucun repère, Agnese échafaude un mensonge et prétend s’être fait violer par un Rom.
En dépit de cette fausse accusation, qui pourrait mettre Stefano en colère, on voit à la fin du film qu’il aime Agnese d’un amour sincère et qu’il la comprend car il la prend dans ses bras, l’embrasse et tente de la rassurer avec des mots doux.
LES CHOIX MARQUANTS DU REALISATEUR :
~La caméra à l’épaule : Dans la majeure partie du film, le camera man porte lui même la camera, notamment quand les personnages courrent ou durant les scènes « d’action ». Cette façon de filmer nous permet de suivre les personnages et de nous « intégrer » au film car le vision obtenue est celle qui est la plus proche de ce que l’on pourrait voir si on était à cêté du personnage.
~Le parallélisme des plans : Dans la première scène du film, on voit Stefano courir après Agnese. Dans la dernière scène on retrouve le parallèle de ce plan, mais c’est Agnese qui court après Stefano. Dans la première scène, Stefano est en colère contre Agnese tandis que dans la dernière c’est Agnese qui est en colère contre Stefano. Alors que dans la première scène, rien ne les lient, dans la dernière ils sont plus proches que jamais et c’est là que l’on ressent tout l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre. Ces scène se complètent car en s’opposant, elles prouvent l’évolution des personnages. Stefano qui au début du film était un homme assez solitaire et n’écoutait que lui devient, à la fin du film, un homme aimant, qui protège et écoute la colère d’Agnese. Agnese elle qui au début était soumise a l’autorité de sa mère se libère et s’exprime enfin a la fin du film.
~ La peau / la nudité : Dans ce film beaucoup de scènes sont filmées en très gros plans : la peau des personnages, leur visage (joues, cou, yeux, cheveux…) ou des scènes qui nous font basculer dans l’intimité du personnage, comme par exemple quand Agnese se rase dans la salle de bain.
Ces scènes nous permettent de nous « attacher » aux personnages en nous faisant partager des scènes intimes.
~La scène d’amour : La scène de la relation sexuelle entre Agnese et Stefano est filmée en plan séquence. Filmer cette scène sans montage, sans coupure, mais aussi sans aucune musique ou fond sonore autre que ceux produits par les personnages, rend la scène plus frappante. De plus la scène est assez longue ce qui crée une atmosphère assez pesante. Grâce à ce plan séquence, on comprend que la scène est capitale, que c’est une scène clé du film.
La critique de Leslie
D’après son titre «cœurs purs» et sa bande d’annonce, je m’imaginais une histoire simple, légère, belle et touchante. Je m’attendais à voir un film où l’on s’attache aux personnages et où l’on ressent le lien, voire l’amour qui unit les deux protagonistes.
J’aurais aimé, à l’issu de la séance, sortir en ayant le cœur léger.
Hélas, c’est avec le cœur lourd que je suis sortie du cinéma et ce poids ne m’a pas quitté durant les deux heures qui ont suivi.
J’ai toujours pensé que les meilleurs films sont ceux qui arrivent à nous toucher.
Même si certains arrivent à provoquer en nous des émotions plus ou moins fortes et pas toujours agréables, je reste persuadée que nous pouvons en tirer des choses positives. Certains nous ouvrent l’esprit, d’autres nous en apprennent sur la vie et quelques-uns peuvent même nous permettre de nous découvrir nous mêmes.
«Cœurs purs» a eu cet effet sur moi. Est-ce positif ou négatif ? Aucune idée puisque pour le moment je reste encore très perturbée de ce que j’ai vu.
En effet certaines scènes m’ont troublée, voire dérangée.
La scène de sexe par exemple ne m’a aucunement parue comme une scène d’amour.
Même si c’est Agnese qui fait le «premier pas», j’ai parfois eu l’impression d’assister à une scène de viol.
Stefano se montre dominant durant cet acte et a l’air plus poussé par un besoin animal que par un acte d’amour. Quant à Agnese, même si aucun geste ne témoigne le moindre refus, j’ai eu l’impression qu’elle se retrouvait prise au piège comme si elle regrettait et ne pouvait plus revenir en arrière.
Tout au long de cette scène (que j’ai trouvé plutôt longue) ce que je ressentais se rapprochait fortement du dégoût.
De plus, le fait qu’il n’y ai eu aucune bande-son durant cette scène et la manière dont elle a été filmée, en plan séquence (filmée de près et caméra statique) m’a déplu.
Un autre exemple : la scène du premier baiser, lors de leur troisième rencontre.
Le simple fait que Stefano embrasse Agnese avec insistance et sans la connaître m’a paru déplacé et a renforcé mon impression de violence entre les personnages.
D’un point de vu plus général, leur histoire «d’amour» ne m’a pas du tout enthousiasmé, je ne me suis pas attachée aux personnages et je n’ai pas aimé leur personnalité.
C’est un expérience de spectateur qui a été difficile à vivre pour moi, de laquelle je ne ressors pas « indemne »…
La critique de Cécilia
Entre joie, culpabilité et regrets, Coeur purs expose parfaitement les problèmes liés à la religion, et des questions sur la liberté sont mises en avant.
Des relations mises en parallèle.
La façon dont le réalisatuer Roberto De Paolis met en avant, aussi bien au niveau de l’histoire que cinématographiquement parlant, les contrastes et les parallèles entre les différentes minorités et les différentes religions, est intéressante. Agnese (Selene Caramazza) est en effet croyante, alors que Stefano, lui, (Simone Liberati) ne croit en rien, en raison de son histoire difficile mais malheureusement peu banale. En effet, les jeunes gens vont se fréquenter, alors qu’une multitude de différences les opposent. Effectivement, c’est comme si Stefano représentait le mal et Agnese le bien au premier abord. Mais au fur et à mesure de l’histoire, le réalisateur met en avant les nuances, et nous montre ainsi que rien n’est totalement blanc ou noir. Stefano, par sa tentative de rédemption (en cherchant un travail honnête, ou encore en refusant de vendre de la drogue à un mineur) montre qu’il a un bon fond, qu’il croit malgré lui, malgré ses fréquentations et malgré son passé, à une perspective d’avenir honnête et respectable. Agnese, quant à elle, manque à sa promesse de chasteté quand elle couche avec Stefano, puis commet différents pêchés comme par exemple en volant ou en mentant sur la perte de sa virginité. Mais peut-on vraiment la juger ou lui en vouloir ; ou bien quelqu’un d’autre est-il également fautif ?
Une communauté oppressante
La relation à la religion dans la vie d’Agnese est omniprésente. En effet, elle est non seulement au centre de la majorité des conversations, mais elle est également toujours à l’écran, que ce soit par le biais de sa mère, du curé, ou même tout simplement de son collier (qui ne la quitte jamais). La religion dans sa vie, ou du moins l’influence de sa communauté est intrusive, tout comme sa mère. En effet, la jeune fille a 18 ans mais vit encore aux dépens de celle-ci, car cette dernière veut absolument tout savoir et tout contrôler de la vie de sa fille qui n’est plus si petite que ça. Cela passe par le contrôle de ses fréquentations, et elle va jusqu’à lui confisquer son téléphone car elle parle à un garçon, alors qu’elle est majeure, et qu’aux yeux de tous, sauf de sa mère, elle est capable de faire ses propres choix et de devenir maîtresse de son destin. De plus, cette relation est à sens unique : on le devine clairement dans un plan où Agnese surprend sa mère alors qu’elle est très proche d’un homme. Dans mon souvenir, on voit les deux adultes de dos, et nous sommes donc à la place de la jeune fille. Sa mère dépasse les limites comme par exemple lorsqu’elle rentre dans la salle de bain alors qu’Agnese se rase le maillot, mais elle va surtout à l’extrême, en la forçant à aller chez la gynécologue, et en questionnant la spécialiste dans le dos de sa fille sur la virginité d’Agnese par simple manque de confiance en elle, alors qu’elle n’en a officiellement plus le droit. Cela est, pour moi, un facteur important de la désobéissance d’Agnese.
Stefano subit par ailleurs lui aussi une forme d’oppression par son entourage. En effet que ce soit par son patron qui n’écoute pas ses plaintes bien qu’elles soient fondées, par ses parents qui lui réclament sans arrêt de l’argent ou encore par son groupe d’amis (comme par exemple lorsqu’il est forcé de vendre de la drogue à un enfant du quartier). La différence entre les deux est qu’Agnese commence à peine à vouloir contrôler son avenir alors que Stefano, lui, a déjà commencé.
Nous suivons ainsi la « rébellion » des personnages, et leur tentative d’échapper à qui ils sont.
Le rapport à la pauvreté
Le camp de Roms semble ici être à la fois le lien et la séparation entre les deux histoires. En effet, Stefano se retrouve gardien du parking juxtaposé au camp, et Agnese vient en aide à ses occupants avec son église. Cet endroit, délimité par de simples grillages est à la fois secondaire dans l’histoire en elle-même, mais également primordial dans le fond de ce film, car c’est un fait malheureusement actuel dans la société italienne mais pas que. Le camp et la pauvreté sont certes moins présents que la religion (comme par exemple dans la scène de la plage ou dans les scènes plus intimes bien que l’appartement de Stefano ne soit pas luxueux) mais ils sont tout de même très présents, que ce soit dans les conversations des parents de Stefano ou que ce soit par la fenêtre de chez Agnese.
Ce n’est pas mon film préféré, mais je trouve qu’il met plutôt bien en relation les différents problèmes liés aux communautés et à leur influence, ainsi que les problèmes de la société.