Moi, Daniel Blake : 5ème film du Prix Jean Renoir

5ème film du Prix Jean Renoir : Moi, Daniel Blake de Ken Loach

Palme d’or au festival de Cannes 2016

affiche

Les mots du film (tout le groupe) :

lesmotsdufilm

La lettre de Maya à Daniel

lettremaya

Les biographies des personnages du film  par Margot

biographies-page-001Histoire de leur vie

L’abécédaire de Nathan

A = Aide ou Administration anglaise

B = Blake ou Banque alimentaire

C = Classe sociale ou Cardiaque ou Chômage ou Combat

D = Dignité

E = Economie ou Emploi

F = Famille

H = Humiliation

I = Inégalité ou Instabilité économique ou Inhumain

J = Job center

K = Katie

L = Lutte

M = Malade ou Malhonnête

N = Nourriture

P = Prostitution ou Population active

R = Recherche ou Révolte ou Répartition inégale

S = Soumission ou Serviable ou Société ou Solidarité

T = Triche ou Tags

V = Victoire


La biographie de Daniel par Solène

Daniel Blake est un homme britannique âgé de 59 ans, veuf, menuisier mais ne pouvant plus travailler car il est atteint d’une maladie cardiaque. Cependant, l’administration n’est pas convaincue de la maladie de Daniel et l’oblige à rechercher un emploi, sous peine de sanction : privé d’idemnités. Il essaye tant bien que mal de se familiariser avec les démarches de recherches d’emplois et les ordinateurs avec lesquels il doit faire ses demandes, mais il n’y arrive pas.

Un jour, alors qu’il attend son tour au pôle emploi pour faire un récapitulatif de ses demandes, Daniel aperçoit Katie avec ses deux enfants. Elle semble en grande difficulté et il décide de l’aider pour différentes tâches quotidiennes car elle ne connaît pas la ville, n’a plus d’argent et ne sait  comment nourrir ses enfants. Naît alors une amitié entre eux, ils forment une sorte de famille et s’entraident.

Les semaines passent et Daniel ne peut toujours pas travailler. En effet, les médecins le lui interdisent formellement parce qu’il a eu une crise cardiaque qui a bien falli lui être fatale. Malgré cela, les sous-traitants de la sécurité sociale anglaise lui refuse toute indemnité et l’oblige à chercher un travail qu’il ne pourra exercer. Malgré le cauchemar qu’il vit quotidiennement, Daniel conserve le sourire, sa bonne humeur, sa générosité et l’espoir. Il essaie de le communiquer à Katie, en lui offrant une bibliothèque en bois, faite de ses propres mains grâce à ses talents de menuisier, pour l’inciter à reprendre ses études . Dylan et Daisy, les deux enfants de Katie, profitent eux aussi de sa bienveillance et sa disponibilité. En effet, ce dernier leur offre toute son attention et même un mobile avec des poissons. Les enfants apprécient beaucoup sa présence.

Cependant la situation de Daniel et de Katie se dégrade. Sans argent, la survie et le combat sont une affaire de tous les jours. Alors Daniel décide de se révolter à sa façon : il tague sur les murs du bâtiment du pôle emploi, afin de dénoncer l’injustice et le calvaire que ce dernier lui fait vivre. Il est remarqué par les passants qui l’applaudissent. Plus tard, alors qu’il semble résigné, il obtient enfin un procès qui lui va peut-être lui permettre de toucher ses indemnités. Tout est presque parfait, il est presque sûr de remporter ce procès et Katie est là pour l’accompagner. Mais son stress est permanent. Ces longs mois de combat l’ont épuisé. Il prévient Katie qu’il part aux toilettes afin de se calmer. Peu après, un homme entre brusquement dans la salle et demande une intervention des pompiers car Daniel s’est effondré dans les toilettes.

Mais il est trop tard, Daniel meurt d’une deuxième crise cardiaque. Il est donc accompagné une dernière fois à l’église, il y a peu de monde le matin, à l’heure de « l’enterrement des gueux » ; on peut reconnaître Ann du pôle emploi. Katie, effondrée par la perte de son ami qui jouait en quelque sorte un rôle de père auprès d’elle, lui rend un dernier hommage en lisant le texte que Daniel avait l’intention de lire lors de son procès. Un texte poignant, bouleversant dans lequel il affirme son humanité.

La biographie de Katie par Clara

Katie est un est des personnages principaux du film. Elle habitait auparavant à Londres dans un foyer avec ses deux enfants, Daisy et Dylan qui n’ont pas le même père. On lui propose un appartement plus spacieux à Newcastle ; elle décide donc de déménager avec ses deux enfants. Lorsqu’elle arrive dans cette nouvelle ville, elle se rend compte que l’appartement n’est pas comme elle l’imaginait et que seule dans cette ville, loin de sa mère restée à Londres, elle se retrouve sans travail et sans argent. Elle décide de demander de l’aide  à Pôle Emploi. C’est là qu’elle fait la connaissance de Daniel, qui la soutient lors d’une altercation  entre elle, Sheila, une agent de pôle emploi qui ne veut entendre aucune explication et applique strictement les règles implaccables de cet organisme. A partir du moment où elle rencontre Daniel, c’est comme une famille qui se forme :  les quatre personnages se trouvent dans la même situation financière et se soutiennent.

Katie est souvent au téléphone avec sa mère, qui elle est restée à Londres ; elle lui assure toujours que tout se passe bien avec l’appartement, l’argent, le travail, les enfants. Or ce n’est pas la vérité. Elle essaie de protéger sa mère pour ne pas qu’elle s’inquiète.

Katie et Daniel ont souvent beaucoup de discussions ensemble autour de la vie de chacun avant qu’ils ne se rencontrent et Katie explique à Daniel qu’elle  a arrêté ses études très tôt et qu’elle voudrait les reprendre dès qu’elle aura un peu plus d’argent pour qu’elle et ses enfants puissent vivre correctement. Le soutien entre les deux personnages principaux reste toujours présent : Daniel sculpte des objets en bois pour les enfants, lui fabrique une bibliothèque pour qu’elle puisse ranger ses livres, quand elle aura repris ses études.

L’entre-aide est visible tout au long du film : Daniel rend de petits services à Katie (il lui répare les portes, la chasse d’eau…). A ce moment là, on voit bien que Katie est vraiment démunie car elle veut lui rendre un service en échange et tout ce qu’elle peut faire, c’est lui offrir un plat de pâtes. C’est la seule chose qu’elle possède.

En effet, Katie manque cruellement d’argent : elle ne mange pas à sa faim (seulement une pomme à l’heure des repas) pour garder le peu de nourriture qu’elle a pour ses enfants ;  elle vole des produits féminins (rasoir, serviettes hygiéniques, …) dans une supérette mais se fait attraper par le vigile du magasin et se retrouve donc dans le bureau du directeur. C’est une scène très embarrassante pour elle puisqu’elle touche à la dignité de Katie. Finalement, elle ne payera pas ces articles car le directeur comprend sa situation. Le vigile lui aussi a compris sa situation et lui propose du travail. Elle le repousse.  Mais quand Katie n’a plus le choix, elle finit par accepter le travail, se prostituer, pour pouvoir gagner de l’argent pour sa famille.

Avant la scène de la supérette, Katie va avec ses enfants, accompagné par Daniel, chercher de la nourriture dans une banque alimentaire. Dans cette scène, elle craque et ouvre une conserve de sauce tomate car elle a vraiment très faim. Elle est exténuée. Elle se met à pleurer : Daniel est près d’elle, il la rassure car il sent qu’elle perd espoir.

Katie essaie de protéger ses enfants mais n’y parvient pas toujours ; un soir, Daisy rejoint sa mère dans son lit en lui disant que les filles de son école se moquent d’elle car elles ont entendu parler du geste de sa mère à la banque alimentaire. Elle lui explique aussi que les enfants se moquent aussi de Daisy à cause de ses chaussures déchirées. Elle voit que ses enfants souffrent aussi de la situation. C’est à ce moment qu’elle décide de rappeler le vigile.

La fin tragique  du film met en lumière à quel point le personnage de Katie est attaché à Daniel ; elle le soutient jusqu’au bout, jusqu’à ses funérailles. On comprend donc que Katie a réussi à s’en sortir ; c’est un personnage fragile et fort, généreuse et combattive, comme Daniel.

Lettre à Daniel Blake

Cher Daniel Blake,

Voici les mots que j’aurais aimé te dire avant que cet événement bouleversant n’arrive. Maintenant tu n’es plus là ; mais je voudrais quand même te les écrire.

Tu as été un personnage très attachant, courageux, persévérant, jusqu’au bout, même si parfois il y avait des moments où tu perdais espoir. Ton personnage m’a beaucoup touchée, dans ta manière d’être avec ton entourage, toujours à l’écoute, serviable.

Je me souviens de cette séquence où Katie était dans le besoin, au tout début du film, dans l’agence de Pôle Emploi : tu l’as défendue alors que tu ne la connaissais même pas. C’était surprenant.

Je me souviens du moment où tu as fabriqué un meuble pour Katie afin qu’elle puisse ranger ses livres car qu’elle prévoyait de reprendre ses études.

Je me souviens quand tu as protégé ton voisin, qui je pense, était devenu comme un fils pour toi, alors que tu savais qu’il pratiquait des activités illégales.

Même quand tu as eu l’impression d’être délaissé, tu t’es relevé parce que tu voulais te battre.

Aujourd’hui, tu nous as quittés ; tu as quitté Katie qui croyait en toi, elle à qui tu redonnais espoir, redonnais goût à la vie. Tu as quitté Daisy qui s’était attachée à toi, et Dylan, que nous avons pu découvrir grâce à toi, lui qui était plutôt rêveur, toujours dans son coin, en train de jouer avec sa balle. Tu avais su percer sa bulle. C’était peut-être ton heure de gloire.

Pour moi ILS t’ont poussé à bout, ILS t’ont tué indirectement.

Je garde un bon souvenir de toi. Tu étais quelqu’un d’entier, de sincère qui voulait juste qu’on l’aide. Rien de plus ; rien de moins.

J’espère que tu me vois écrire de là-haut et que cela te fait plaisir.

Madzinou

Lettre à Katie

Ma chère Katie,

J’imagine dans quel état tu dois être, au moment où je t’écris cette lettre.

Je ne suis pas du genre à exprimer ce que je ressens. Alors j’ai préféré te l’écrire.

Pour commencer, j’admire beaucoup ton personnage et j’ai surtout essayé de m’identifier à ce personnage tout au long du film : une jeune femme spéciale, très agréable ; une bonne mère, attentive, dévouée et pleine d’affection.

Malgré les difficultés, tu as su te débrouiller pour subvenir aux besoins de tes enfants afin qu’ils soient heureux. Tu as fait de ton mieux pour les satisfaire : personne ne dira le contraire ! Mais on pouvait parfois lire dans ton regard que tu souffrais, que toi tu n’étais pas satisfaite de vivre dans ces conditions, de subir cette injustice.

Je me souviens du passage où tu te prives de nourriture pour qu’il y en ait assez pour eux. Je me souviens de cette séquence où tu as été obligée de voler dans un magasin pour ta dignité de femme, car tu n’avais pas assez d’argent.

Oui, souvent la vie est injuste !

Le départ de Daniel a dû beaucoup t’affecter. Je me dis que cela a été très difficile de l’accepter, car il était devenu très important à tes yeux en si peu de temps.

Il t’a beaucoup t’aidée alors qu’il te connaissait à peine. Il t’a redonné espoir quand tu étais au bord du gouffre. Il a été comme un ange gardien pour toi.

Je me souviens de ce moment où tu avais accepté de travailler comme prostituée. Il t’a remise sur le droit chemin alors que tu étais prête à gâcher ton avenir.

Je tenais à te dire que même s’il n’est plus là, les souvenirs restent.

Continue à avancer et surtout ne baisse pas les bras. Réalise tes rêves ! Bats-toi pour reprendre tes études.

C’est ce qu’il aurait voulu, que tu t’épanouisses!

La mort n’arrête pas l’amour !

Madzinou

I, Daniel Blake

par Mélanie Mémin

Dans la société anglaise actuelle, le gouvernement est surtout préoccupé par les profits politiques et les finances. Il délaisse la misère des « gueux » du pays, la « politique des  Trois singes » étant leur devise : « Je ne vois rien, je n’entends rien et surtout je ne fais rien ». La souffrance de leurs concitoyens (la faim, la difficulté à se loger, à s’habiller, à se chauffer…), peu leur importe ! Voilà le véritable message que veut transmettre Ken Loach, dans son film, qui, quelque part, est une sorte de documentaire sur la vie, la vie vue du peuple. L’histoire en elle-même, qui nous attriste et nous révolte, est pourtant banale et habituelle pour de très nombreuses personnes, qui subissent ces contraintes sociales et administratives.

Daniel Blake est un homme d’une cinquantaine d’années, malade, qui a besoin d’indemnités pour pouvoir survivre. C’est un homme simple avec des valeurs morales solides : c’est ce qui le pousse à prendre la défense de Katie, une jeune femme, en difficultés financières, avec deux jeunes enfants, arrivée il y a peu à Newcastle, contrainte de quitter Londres après avoir été expulsée de son appartement. Il est de nature généreux, solidaire et très noble d’esprit.

La disposition de la caméra et le choix de la place que Ken Loach nous donne nous montre l’importance qu’il accorde au spectateur et à son regard. Il nous place du coté de Daniel et Katie sans pour autant briser leur intimité. Par exemple lorsque Daniel emmène Katie au secours populaire et qu’elle craque, Ken Loach nous place à une certaine distance, sous un certain angle afin de ne pas nous transformer en voyeur de la scène. La solidarité dont les personnages font preuve touche les spectateurs et crée une avalanche de sentiments chez nous, humains, entre colère, tristesse, compassion, impuissance et compréhension. Je me souviens de l’entraide entre Daniel et son jeune voisin, (le jeu rituel des poubelles, l’aide informatique), ou encore le soutien des collègues de travail qui lui choisissent le meilleur bois pour ces mobiles. Le spectateurs a de quoi réfléchir sur la société actuelle et à sa place dans celle-ci.

Car c’est de notre monde que parle Ken Loach. Pour ses films, il fait des enquêtes : c’est lorsqu’il interroge un groupe de demandeurs d’emploi par le biais d’une association caritative et que ces personnes lui dévoilent leurs mésaventures avec l’administration du Pôle Emploi anglais, qu’il décide d’évoquer cette humiliation permanente et ce sentiment constant de précarité.

Pour finir je souhaite parler d’une scène qui témoigne de toute cet entraide entre les personnages : la fameuse scène de l’enterrement où l’on retrouve tous les personnages qui comptaient pour Daniel. Katie y lit une lettre qu’il avait écrite pour les juges, afin d’obtenir ses indemnités, mais qu’il n’a malheureusement pas pu lire. Dans le contenu de cette lettre, sont écrits les mots qui me bouleversent : « Je ne suis pas un chien ; juste un être humain ». Cette scène touche le spectateur, à un tel point qu’à la sortie de la séance, on en vient à se dire que c’est le gouvernement et les autorités du Royaume-Uni qui sont les auteurs de la mort de Daniel Blake.

Selon moi, une seule palme d’or n’est pas suffisante pour manifester la splendeur et la force de ce film.

Un billet d’humeur de Selma

I, DANIEL BLAKE

Une histoire révoltante, un film bouleversant

I, Daniel Blake a été pour moi un film marquant, un très beau film, car il n’est pas du tout celui auquel je m’attendais. L’histoire de cet homme, bien que racontée très durement, donne envie de pleurer et de se révolter en même temps.

Dans un pays aussi développé que la Grande-Bretagne, je ne comprends pas comment on peut abandonner un honnête travailleur, juste sous le prétexte qu’il est tombé gravement malade mais qu’il peut encore se servir de ses mains et de ses jambes ! L’administration va le perdre dans les méandres de ses procédures, le pousser à bout, pour au final lui dire qu’il n’aura aucune indemnité.

Lorsqu’on regarde le film, on a parfois l’impression de regarder un documentaire. De toutes façons, c’est la démarche de travail de Ken Loach, qui se documente toujours beaucoup pour ses films. C’est très réaliste et ce réalisme, est, à mon avis, le meilleur atout du film. Car c’est aussi ce qui fait qu’on s’attache aux personnages puisque nous avons vraiment l’impression d’être très proches d’eux.

Et c’est ce que j’aime dans ce film, les personnages. Ils sont très solidaires et humanistes. On le remarque au début du film, quand au Pôle Emploi, Daniel prend la parole pour que Katie passe même si elle a raté son rendez-vous alors qu’il ne la connaît même pas. Daniel et Katie se protègent mutuellement et forment un genre de famille avec les enfants de Katie. Une relation de confiance s’installe entre eux tout au long du film. On le remarque quand Daniel sculpte le mobile pour la fille de Katie, ou bien lorsque il l’accompagne à la banque alimentaire et que Katie meurt de honte lorsque elle se met à ouvrir une boite de conserve pour enfin manger. Daniel est encore là pour la consoler et lui redonner confiance.

Ce film nous montre les choses telles qu’elles sont, vraiment sans filtre et c’est pour moi le vrai point positif du film.

Et son humanité

et sa dignité, bien sûr !